Manuel des futurs « résistants »

Ancien éducateur spécialisé devenu psychanalyste et formateur, Joseph Rouzel, qui officie régulièrement en tant que superviseur d’équipes, s’employait en 2007 à populariser cette méthodologie de soutien professionnel. Depuis, écrit-il dans la préface de la seconde édition de La supervision d’équipes en travail social, « la toile de fond sur laquelle se déploie le travail social s’est assombrie », avec « une flopée de textes qui tombe sur la tête des professionnels » et « des modes de direction de plus en plus rigides ». Il faut « résister », affirme l’auteur, qui suggère de lire ce volume à la lumière des données actuelles : plus que jamais, les espaces d’élaboration de la pratique que sont la supervision, la régulation d’équipe, l’analyse institutionnelle « apparaissent indispensables en ce qu’ils produisent des effets de respiration, de ressourcement, d’interrogation du sens de l’action, qui permettent aux professionnels de se replonger dans le combat quotidien un peu plus sereins, un peu plus armés, un peu plus confiants ». Manuel utile aux directeurs d’établissements, chefs d’équipe ou praticiens de la supervision, l’ouvrage est émaillé d’exemples tirés de l’expérience de l’auteur. Il montre que cette pratique ne va pas de soi et qu’il faut utiliser des outils spécifiques (Jacques Rouzel s’est inspiré de Freud, de Balint, d’Anzieu ou de Lacan). Il détaille dans ces pages complexes l’historique de ce type d’intervention, qui vise à faire réfléchir sur le fonctionnement professionnel et sur les situations vécues, précisant que la supervision « ne saurait en aucun cas faire effet d’audit, de contrôle du travail des salariés, de mise au pas d’une équipe ». Il précise ensuite le cadre dans lequel elle s’opère : les références de l’intervenant, les participants, le rythme des séances, leurs objectifs ainsi que les « règles du jeu » – comparant les séances de supervision à des parties de tennis en trois manches.