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Une étude analyse les pratiques des UHSA face aux conduites addictives

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Comment les équipes des unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA), où sont hospitalisées les personnes détenues atteintes de troubles mentaux, gèrent-elles la circulation des drogues et les conduites addictives ? C’est ce qu’a cherché à savoir l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dans une enquête inédite réalisée dans les sept UHSA de France(1). Celle-ci s’est appuyée sur l’analyse des pratiques dans ces structures, sur de nombreux entretiens avec des professionnels de santé et sur les usages observés dans une unité de soins en santé mentale au sein d’un établissement pénitentiaire – un service médico-psychologique régional (SMPR) – afin « de mettre en perspective le fonctionnement des UHSA en ouvrant la comparaison avec l’univers pénitentiaire en général ».

Premier constat : les UHSA sont « des structures limitant l’entrée et la circulation des drogues ». Elles sont en effet régies « par un fonctionnement spécifique qui permet une attention et un contrôle accru de la circulation des drogues, notamment par rapport à la prison ». Au-delà de la spécificité du public et de la distribution régulière d’un traitement, ces unités ont une dotation en personnel 33 fois plus élevée qu’en prison. S’y ajoutent un isolement plus important du patient-détenu qui « réduit sensiblement les occasions d’échanger des substances psychoactives » et un contrôle renforcé des effets personnels par l’administration pénitentiaire.

L’enquête de l’OFDT a par ailleurs permis de recenser les ressources des équipes des UHSA « pour prévenir la circulation des drogues et les conduites addictives ». Il peut s’agir du contrôle de la prise en charge médicamenteuse, de tests biologiques ou de la prise en charge « institutionnelle », c’est-à-dire lorsque les soignants utilisent le fonctionnement institutionnel des lieux, qu’il s’agisse de l’architecture de l’établissement, qui « peut être utile pour repérer et contrôler les échanges entre les patients-détenus », des rythmes de vie des services, des fouilles de chambre, des parloirs(2) ou encore du recours éventuel à l’administration pénitentiaire, voire à l’institution judiciaire, lorsque l’équipe soignante trouve de la drogue dans l’espace de soin.

Autre enseignement de l’enquête : si les UHSA partagent un « socle de stratégies communes » pour gérer la consommation de psychotropes et les conduites addictives, on y observe également une « diversité des pratiques professionnelles ». Trois principales sont distinguées : certains praticiens privilégient les actions de prévention et la réponse « par le dialogue et la compréhension », d’autres, à l’inverse, « accordent davantage de poids aux moyens de contrôle en aval » et sont plus enclins à « sanctionner pour rappeler l’interdit social et le cadre de fonctionnement de l’UHSA », tandis qu’une troisième catégorie de professionnels adopte « une gamme de moyens variés (couplant la prévention et la sanction) dans un souci global de limiter au maximum l’intervention de l’administration pénitentiaire ».

Enfin, l’OFDT s’est intéressé à la place donnée aux actions ciblées et aux cures de sevrage. « Sur ces deux points, les avis sont contrastés », puisque si la moitié des établissements ont programmé ou programment des activités ciblées (groupes de parole ou d’éducation à la santé), « les soignants tout à fait acquis à de telles approches restent toutefois assez minoritaires sur l’ensemble des personnes interrogées », la majorité d’entre eux affichant une certaine distance à l’égard de ces prises en charge. « Du côté des cures de sevrage, le consensus apparaît plus large » : la majorité des interviewés les envisage comme pouvant relever de leur champ, tout en s’accordant également pour dire qu’elles ne peuvent constituer des orientations prioritaires.

Notes

(1) « La gestion des drogues et des conduites addictives en UHSA » – Note de synthèse de l’OFDT – Décembre 2015 – Disponible sur www.ofdt.fr.

(2) Les soignants ont la possibilité de s’opposer à la rencontre d’un proche « pour raisons médicales » lorsque l’équipe le soupçonne de fournir le patient-détenu.

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