Estimant incomplète la connaissance de la médiation sociale exercée dans les transports collectifs, le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie a, en 2014, avec l’association France médiation, engagé une étude nationale sur le sujet. Il vient d’en publier les résultats(1).
Le document indique que les transports publics « ont été l’un des premiers secteurs d’apparition de la médiation sociale à la fin des années 1980 ». Le développement de cette activité répondait alors « autant à la volonté de lutter contre l’insécurité qu’à celle de mettre en place des dispositifs d’insertion des chômeurs puis, dans le cadre du programme “Nouveaux services-emplois jeunes”, de jeunes en difficulté ». L’étude rappelle qu’« un mouvement de clarification des missions et de professionnalisation des médiateurs a pu être observé dans les années 2000 » et que « l’“agent de médiation dans l’environnement des transports publics urbains” est aujourd’hui un métier inscrit au répertoire national des certifications professionnelles [RNCP] ».
Le développement des initiatives locales, d’abord dans les grandes agglomérations puis dans celles de taille moyenne, correspond à deux tendances, décrit l’étude : « la redéfinition des politiques globales de sûreté en réponse à des problématiques liées au délitement du lien social » et « la volonté d’améliorer l’intégration des réseaux de transport au sein des territoires, en lien avec les acteurs publics et les associations locales ». Le nombre de dispositifs de médiation a ainsi progressé à partir de 1997 et, « 15 ans après le rapport sur la médiation sociale dans les transports du ministère de l’Equipement [2], les médiateurs sociaux sont devenus des acteurs incontournables de la prévention de la délinquance dans les transports publics ».
Aujourd’hui, 78 % des villes de plus de 100 000 habitants sont dotées d’un dispositif de médiation sociale dans les réseaux de transport urbain. La majorité de ces dispositifs (66 %) est internalisée, c’est-à-dire gérée par les réseaux de transport. Dans ce cas, les médiateurs sont, en général, directement recrutés par l’opérateur, très rarement par l’autorité organisatrice. D’autres réseaux (34 %) ont au contraire fait le choix de confier la gestion de l’action de médiation sociale à des associations, dont l’objet varie selon les territoires (des organisations spécialisées en médiation sociale à des structures d’insertion professionnelle, en passant par des associations de prévention spécialisée). Mais plus le nombre de médiateurs est important, plus le dispositif a tendance à être externalisé. Par conséquent, sur un total de plus de 2 000 agents de médiation (1 791 médiateurs sociaux et 235 encadrants) comptabilisés au moment de l’enquête, 66 % étaient rattachés à des dispositifs externalisés. 50 % des médiateurs étaient en contrat à durée indéterminée de droit commun et 47 % en contrat aidé. La plupart (75 %) étaient des hommes, 38 % avaient entre 30 et 45 ans et 71 % avaient un niveau de diplôme inférieur au bac. Ils étaient 23 % à avoir un diplôme ou un titre professionnel spécifique à la médiation sociale.
Les dispositifs, souvent « associés aux partenariats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance », répondent à deux préoccupations principales, citées par plus de 80 % des opérateurs de médiation : favoriser le sentiment de sécurité et faire diminuer les incivilités. Prévenir les actes de délinquance et faire diminuer la délinquance globale sur le réseau est un objectif qui arrive en troisième position (49 %), hormis en Ile-de-France où il est précédé par une préoccupation de lutte contre la fraude. L’activité des médiateurs sociaux porte donc principalement sur des « missions d’ambiance » : sensibilisation des voyageurs au respect des règles, présence rassurante, prévention et gestion des conflits. Etonnamment, selon les réponses données par les opérateurs de médiation, l’assistance aux publics fragiles arrive au sixième rang d’importance, l’animation au dernier.
Si le « reporting » des activités est une pratique largement répandue chez les opérateurs de médiation sociale, l’évaluation de l’impact des dispositifs « est beaucoup moins développée », puisque seuls 14 % d’entre eux ont déjà mis en place une démarche d’évaluation de l’utilité sociale ou économique de leurs activités, relève l’étude. Avant d’ajouter que « la poursuite des travaux engagés par le ministère chargé des transports porte actuellement sur la mesure de cet impact ».
(1) « La médiation sociale dans les transports collectifs terrestres – Etat des lieux en 2014 » – Disponible sur
(2) « Agents d’ambiance dans les transports publics urbains : pratiques, effets et enjeux d’un métier en émergence », 1999.