Cette année, le projet « Romcivic », porté par les Enfants du canal, avec l’Agence du service civique et mené en partenariat avec plus de 25 associations, va accompagner sa troisième promotion de volontaires. Le dispositif est né en 2013 d’un constat : malgré les orientations européennes et la circulaire d’août 2012 pour favoriser l’intégration des habitants des bidonvilles, la situation tarde à évoluer(1).
L’objet de Romcivic, dont un bilan était présenté le 13 janvier lors du colloque des Enfants du canal sur l’insertion des jeunes Roms des bidonvilles, est de permettre à des jeunes, majoritairement roumains et bulgares, de devenir volontaires du service civique pour participer aux actions en faveur de l’inclusion des habitants des campements (aide aux démarches administratives, à la scolarisation, amélioration des conditions d’hygiène, animations éducatives…) et à des missions d’intérêt général, tout en leur offrant un accompagnement éducatif et social. Un projet ambitieux qui mêle à la fois les dimensions d’empowerment et de « travailleur pair », puisque les jeunes font de leur propre expérience une ressource, tout en contribuant, grâce à l’implication des volontaires dans des débats publics, à la lutte contre les préjugés à l’égard des Roms. « Les volontaires viennent compléter et amplifier les actions des bénévoles et des associations, qui les responsabilisent dans leurs missions, explique Elisa Riano, coordinatrice du projet. Ils démontrent qu’ils sont des jeunes comme les autres, qui ont besoin d’être soutenus dans leur projet. »
En 2016, une trentaine de jeunes de 18 à 25 ans, bénéficiant du statut de volontaire du service civique et d’une indemnité (de l’Etat, complétée par les Enfants du canal), s’engageront ainsi, encadrés sur le terrain par une équipe éducative, auprès des populations rom des bidonvilles, mais aussi des personnes sans abri d’Ile-de-France, pour une durée de huit à dix mois, pendant 24 heures par semaine. Une autre partie de leur temps est consacrée à des cours de français et à des ateliers sur l’insertion professionnelle. Sur les 29 jeunes passés par le service civique dans la « promotion 2013-2014 », dont 20 Roumains, 3 Bulgares et 6 Français – « la mixité est importante pour favoriser les échanges culturels », précise Elisa Riano –, la plupart étaient issus des bidonvilles. Durant l’année qui a suivi, 11 ont décroché un emploi, en contrat « emploi d’avenir », en contrat à durée déterminée d’insertion et deux, suivis par leur mission locale, ont trouvé une formation. Sur les 15 toujours en contact avec l’association, la majorité a trouvé un hébergement ou un logement. Avant la concrétisation de leur projet d’insertion, l’entrée dans le dispositif a rapidement permis à tous les jeunes d’ouvrir leurs droits à l’assurance maladie.
Les formations dispensées par les associations partenaires – accès aux soins ou aux droits, animation, intervention sociale… – permettent aux jeunes volontaires de devenir des acteurs de l’insertion dans les campements, avec « un effet levier » pour les générations suivantes, ajoute Elisa Riano. Mais « l’accompagnement dont ils bénéficient leur permet aussi d’acquérir une posture professionnelle qui peut faciliter leur insertion dans le monde du travail ». L’association réfléchit au développement d’un projet de formation de médiateurs sociaux pour les volontaires de Romcivic, courant 2016. L’un des jeunes passés par le dispositif a déjà réussi un concours de la mairie de Paris pour être correspondant de nuit.
(1) Un statu quo corroboré par les derniers chiffres publiés par la Ligue des droits de l’Homme et l’European Roma Rights Centre, selon lesquels plus de 11 000 Roms ont été évacués de force de 111 lieux de vie en France en 2015. Si cette tendance générale est la baisse (après 13 500 expulsions en 2014), les associations pointent la rareté des solutions de relogement proposées.