L’association des maires Ville et banlieue de France devait, le 14 janvier, rendre publique une série de propositions « pour la prévention des dérives sectaires et fondamentalistes dans les quartiers prioritaires ». Des pistes remises le matin même au ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et élaborées à sa demande, qui s’inscrivent dans la droite ligne des revendications de l’association lors de la campagne présidentielle de 2012. Ne se bornant pas à compléter les mesures du gouvernement en matière de sécurité et de laïcité, elles détaillent en effet « celles qui doivent être conduites sur la durée, dans les champs de l’éducation, de la formation et du retour à l’emploi », précise l’association. Sans se focaliser sur la seule question de la radicalisation, celle-ci souligne que nombre de ses recommandations « impliquent de revenir sans délai sur l’affaiblissement ou la disparition de certaines politiques publiques, abandonnées au fil du temps avec des conséquences catastrophiques pour les quartiers populaires ».
L’association présidée par Marc Vuillemot, maire (PS) de La Seyne-sur-Mer (Var)(1), formule donc des propositions sur l’éducation scolaire et populaire, la parentalité et la santé mentale. Parmi celles-ci, elle demande le renforcement des moyens humains des services d’orthophonie, de pédopsychiatrie et de thérapie familiale systémique. Selon elle, les programmes de réussite éducative devraient être renforcés dans le champ de l’aide aux familles pour l’exercice de leurs fonctions parentales. L’association préconise de « mettre en place des cellules de veille éducative avec les services de prévention de la ville, de l’Education nationale, du département, des caisses d’allocations familiales pour prévenir la déscolarisation volontaire ».
Un autre volet de recommandations concerne la sécurité, la prévention, la justice et la formation des acteurs publics. Ville et banlieue demande dans ce cadre le renforcement des ressources humaines et des moyens logistiques de la protection judiciaire de la jeunesse et des services pénitentiaires, ainsi que de « l’ensemble des structures publiques, associatives et du champ de l’insertion par l’économie sociale » ayant pour mission d’accompagner les personnes sous main de justice et les sortants de prison. L’association d’élus demande également de « renforcer le rôle des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance en matière de prévention des dérives fondamentalistes ». Et – proposition sujette à débats – de « placer sous l’autorité régalienne de l’Etat la mission de prévention spécialisée de la délinquance, qui relève aujourd’hui de l’aide sociale à l’enfance, afin de répondre à la diminution des moyens des équipes d’éducateurs de prévention de rue ».
Aux yeux de Ville et banlieue, les formations à la laïcité, aux valeurs de la République et à l’identification des processus de radicalisation doivent concerner les agents des trois fonctions publiques ainsi que les responsables et personnels associatifs. Elle souhaite aussi que soit soutenue l’élaboration de plans territoriaux de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, associant tous les acteurs de l’emploi, de l’insertion, de l’action sociale, du logement, de l’éducation ou de la santé.
(1) Sa première vice-présidente est Catherine Arenou, maire (LR) de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines).