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Créer un PTCE :le parcours du combattant ?

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Les exemples de l’association AliA dans le Vaucluse et de la Maison de l’économie sociale et solidaire à Poitiers illustrent la difficulté, pour des structures sociales et médico-sociales, de se lancer dans une démarche PTCE.

La motivation ne suffit pas. C’est la leçon retenue par l’association Rhéso (qui gère deux accueils de jour, un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, deux maisons-relais, un lit halte soins santé et un service d’accompagnement social par le logement) et l’Association départementale de Vaucluse pour la sauvegarde de l’enfance à l’adulte (ADVSEA 84), à l’origine du regroupement associatif AliA en juin 2013 dans le Vaucluse. « En créant cette alliance, nous avions dans l’idée de donner à nos associations, toutes deux sur des dispositifs et des publics qui pouvaient être articulés, une impulsion et une capacité prospective concernant les problématiques sociales du territoire pour sortir de notre rôle de simples opérateurs des politiques publiques », explique Carole Ringaud, directrice de Rhéso.

Candidates à l’appel à projets national PTCE (pôles territoriaux de coopération économique) de 2013, les deux associations travaillent d’arrache-pied, mais le délai est trop court pour monter un dossier pertinent et AliA est recalée. Le regroupement gagne néanmoins en structuration et en visibilité. En 2014, deux nouvelles structures le rejoignent : l’Institut méditerranéen de formation et recherche en travail social (IMF) et l’Union départementale des associations familiales. En parallèle, des liens sont tissés avec le conseil départemental, le périmètre d’intervention resserré sur la pointe nord du département et l’angle économique du projet retravaillé en reliant, via le concept de « silver économie », les difficultés des jeunes sans emploi et l’absence de services adaptés aux seniors – deux problématiques centrales dans le département.

Pourtant, après des mois d’échanges, les deux structures initiales ne sont finalement pas intégrées à l’association créée pour répondre à l’appel à projets d’avril 2015 et porté par cinq acteurs du territoire(1). Carole Ringaud estime que celles-ci ont été « évincées » par le conseil départemental, qui aurait remis en cause leur légitimité à intervenir dans le champ économique et aurait sollicité d’autres structures pour reprendre le projet. Or, « non seulement, nous sommes des acteurs économiques locaux, mais en tant qu’associations œuvrant à la cohésion sociale d’un territoire, nous faisons également partie de l’économie sociale et solidaire, réagit-elle. En outre, AliA répondait aux critères de l’appel à projets : certes, il nous manquait l’adhésion d’une entreprise, mais elle était prévue dans nos statuts. » Une version toutefois contestée par l’exécutif départemental qui, contacté par les ASH, affirme que ce sont les associations qui se sont retirées du projet.

Quoiqu’il en soit, AliA poursuit ses efforts de décloisonnement. Depuis la fin septembre, un diagnostic territorial des jeunes en difficulté est réalisé par les étudiants de l’IMF dans la perspective de définir des priorités d’intervention avec d’autres associations et un centre hospitalier sur le volet psychique. Par ailleurs, un service de maintenance partagé des logements et locaux des associations membres, fournissant des emplois à destination de jeunes en insertion, est en cours de constitution. Pas sûr, toutefois, que les partenaires d’AliA, échaudés, soient candidats pour le prochain appel à projets PTCE…

En dépit des difficultés, l’Uriopss Poitou-Charentes reste, pour sa part, motivée. Depuis son déménagement, au début 2014, dans les locaux de l’association de solidarité internationale Kurioz qui accueille déjà une dizaine de structures de l’économie sociale et solidaire(2), « c’était une évidence de réfléchir à la façon dont nous pouvions travailler ensemble pour mutualiser nos moyens humains et matériels, avoir plus de poids au niveau institutionnel et créer des projets transversaux – par exemple, proposer des séjours de tourisme équitable pour les personnes âgées résidant dans les établissements de nos adhérents », explique Anne Denier, directrice de l’Uriopss.

La formule PTCE apparaît aux partenaires comme l’outil adapté pour donner corps à leur projet de « Maison de l’économie sociale et solidaire » à Poitiers. Un dossier avait déjà été déposé lors de l’appel à projets de 2013, mais sans succès. Avec le recul, il apparaît aujourd’hui que la coexistence d’associations locales et de têtes de réseau régionales, dans des secteurs différents (médico-social, tourisme social, éducation populaire, emploi…), rend difficiles la création d’une identité commune et la construction d’une activité économique structurée. Sans compter qu’aucun membre n’est assez solide pour assurer le portage du PTCE. Le groupement travaille aujourd’hui avec un dispositif local d’accompagnement « pour trouver la cohérence qui nous manque », explique Anne Denier.

Notes

(1) La boutique de gestion Activ’Conseil, la Chambre des métiers, la couveuse d’entreprises CREA, la Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment et la plateforme de services à la personne Dom’inno.

(2) Minga et Ekitour dans le champ du commerce et du tourisme équitable, la coopérative d’activités et d’emploi Aceascop, le centre de ressources pour les élus des comités d’entreprise et des centres communaux d’action sociale, Vacances ouvertes Poitou-Charentes, la coopérative d’écoconstructeurs AlterBative…

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