Notre association est issue d’un groupe de travail et de recherche rassemblant des étudiants et des professionnels qui, pendant une dizaine d’années, s’est réuni pour échanger sur les questions d’accompagnement à la sexualité dans les structures médico-sociales. Nous avons souhaité donner plus de visibilité à ce mouvement et créer le CRéDAVIS en 2012. Ses membres actifs sont pour moitié des personnes handicapées, pour l’autre des professionnels du médico-social. Notre constat est qu’il existe un manque de prise en considération, de la part des structures, de la question de la sexualité des personnes handicapées. D’une part, leurs droits à une vie affective et sexuelle sont souvent bafoués, d’autre part, les établissements ne remplissent pas leur devoir de prévention et d’accompagnement, ce qui se traduit par une forme de maltraitance. Notre association a pour objectif de former les professionnels à ces questions en essayant de faire évoluer leurs mentalités, d’accompagner les associations à la prise en compte de ce sujet et de donner la parole aux personnes concernées.
Pour des raisons de sécurité, les directeurs d’établissements ne veulent souvent pas autoriser les résidents handicapés à recevoir une personne étrangère à l’établissement la nuit. Par ailleurs, les professionnels invoquent la vulnérabilité des personnes dont il est parfois difficile de s’assurer du consentement. Des expériences montrent pourtant qu’il est possible de dépasser cette difficulté et de permettre aux personnes d’exprimer leur désir, même si elles ont peu accès au langage. Enfin, si la question de la sexualité est parfois évoquée pour les adultes, elle reste peu abordée lorsqu’il s’agit d’adolescents dans les institutions.
J’ai en tête la mise en place d’un protocole d’accueil des personnes extérieures à l’établissement pendant au maximum trois nuits, ce qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’a pas provoqué de débordement. Une structure qui accueille des adolescents avec autisme a lancé des ateliers consacrés à la sexualité. Si dans certains lieux d’accueil, ces sujets restent encore tabous, la question de la sexualité est de plus en plus prise en compte, grâce notamment à l’arrivée de jeunes professionnels qui sont plus à l’aise avec ces questions et sont force de propositions.
Certains établissements ont déjà beaucoup réfléchi à ce sujet, d’autres s’en emparent sans savoir que des travaux ont déjà été réalisés. A travers ce forum, nous souhaitons mutualiser les connaissances et les expériences pour montrer qu’il existe de nombreuses actions et que les freins peuvent être levés facilement. Une dizaine de projets innovants vont, d’ici à la fin février, être sélectionnés par notre comité d’expertise pluridisciplinaire – chercheurs, professionnels, juristes. Seront retenus les projets qui répondent à des besoins non couverts ou dont le mode d’implication de l’ensemble des acteurs concernés diffère des pratiques habituelles. Les projets sélectionnés concerneront différents types de handicap, différentes tranches d’âge et différentes modalités d’accompagnement. Les thèmes seront variés : adaptation institutionnelle à la législation, accompagnement sexuel, prévention des agressions sexuelles, architecture et aménagements pour un droit effectif à la vie sexuelle… Ils feront l’objet d’une présentation lors du forum ainsi que d’échanges avec le comité scientifique et les professionnels participants. L’ensemble sera filmé et diffusé sur Internet afin de pouvoir être rapidement partagé. A partir des témoignages, nous allons formuler des préconisations concrètes et rédiger un « livre blanc ».
(1) Forum des pratiques innovantes « Sexe, sexualités, handicaps et institutions » à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris, soutenu par la Fondation de France, l’Inserm, WAS (World association for sexual health) et en partenariat avec l’IRTS Paris-Ile-de-France, le CRIPS Ile-de-France, L’Adapt et l’association CQFD (« Ceux qui font les défis ») –