Le garder, ou pas ?

L’auteur et metteur en scène Côme de Bellescize aime proposer des récits aux structures complexes, où ses personnages se retrouvent face à des dilemmes éthiques qui les torturent. Après avoir abordé la question de l’euthanasie en adaptant librement l’histoire de Vincent Humbert dans Amédée(1), il a choisi, avec Eugénie, de raconter le drame de parents confrontés au handicap de l’enfant à naître. Un sujet très lourd. Pourtant, comme dans sa précédente œuvre, l’artiste parvient à mêler habilement humour et tragédie, et ce grâce à ses quatre acteurs, qu’il plonge dans des situations fantasques.

Sam et Sarah essaient depuis de nombreuses années de fonder une famille. Mais les fausses couches se succèdent. « Mon ventre est comme un cimetière », gémit Sarah. Alors le jour où une fécondation in vitro réussit, c’est l’euphorie dans le couple et leur entourage… Jusqu’à ce que le médecin déclare que des examens sont nécessaires. Sarah a-t-elle consommé de l’alcool pendant sa grossesse, s’est-elle exposée à des ondes ?, s’interroge le spécialiste, avant que tombe le couperet : l’enfant sera imparfaite. Eugénie ne sera pas le bébé fantasmé. Sarah et Sam ont une semaine pour se décider : garder l’enfant ou pas ? La mère, les docteurs, les autorités en tous genres se mêlent de la décision – avec excès et convictions. Apparaît alors sur scène l’enfant que deviendra Eugénie : une poupée désarticulée qui devra vivre en centre spécialisé. Situation troublante qui ébranle les spectateurs. Le mari et la femme s’opposent, le couple explose. Si le premier ne se sent pas le courage de prendre en charge cette souffrance, la seconde se sent déjà mère de l’enfant qu’elle porte. Quelle décision prendront-ils ?