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L’ONPES se penche sur les conditions de vie des plus de 50 ans en situation d’exclusion

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« L’approfondissement de la crise se traduit par l’arrivée à la rue d’une population âgée en grande exclusion. » C’est ce que montre une étude publiée par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) sur les conditions de vie des personnes de 50 ans et plus utilisant les services d’hébergement et de distribution de repas pour sans-domicile(1). S’appuyant principalement sur les enquêtes réalisées par l’INSEE et l’INED auprès des usagers de ces structures en 2001 et 2012, le rapport rédigé pour l’ONPES par l’équipe de recherche sur les inégalités sociales (ERIS) du Centre Maurice-Halbwachs (CNRS, EHESS, ENS) met en évidence « une certaine invisibilité de cette tranche d’âge », résume l’observatoire, en évoquant « une population mal couverte par la statistique publique, peu visible pour les pouvoirs publics et peu ou mal appréhendée par les politiques sociales ». De fait, selon l’ONPES, « trop vieux pour la rue, trop jeune pour la maison de retraite », ce public « met en difficulté le champ très segmenté de la prise en charge sanitaire et sociale ».

Cette étude – c’est l’un de ses principaux enseignements – vient « confirmer le constat des associations d’une augmentation du nombre de personnes de 50 ans ou plus utilisatrices des services d’aide et d’hébergement : en 2012, ces personnes âgées représentent 27 % des utilisateurs alors qu’en 2001, elles ne représentaient que 18 % du public ». Par ailleurs, en dix ans, « le nombre de personnes âgées qui sont logées et qui fréquentent les services d’aide a diminué », alors que la proportion de sans-domicile a « augmenté (76 % des 50 ans ou plus étaient sans domicile en 2012, contre 69 % en 2001) ». Cette hausse ne concerne « pas majoritairement des sans-domicile qui auraient vieilli “à la rue” mais plutôt des personnes qui ont disposé d’un logement, ont été “intégrées”, mais ont connu des événements et des ruptures qui les ont conduites à des situations de fragilité et de vulnérabilité à un âge avancé ». Ainsi, « le récit et l’analyse des trajectoires sociale et résidentielle des personnes de 50 ans ou plus fréquentant les services d’aide a permis de déterminer, pour cette tranche d’âge, des facteurs de risque accru de rupture des liens sociaux, y compris tardive » (placement dans la petite enfance, violences intrafamiliales, décès des parents, faible niveau d’études, rupture de liens familiaux et amicaux, parcours résidentiel heurté, chômage, prison…).

Si ces personnes subissent « des conditions de vie précaires », elles disposent cependant plus souvent que leurs cadets d’un logement stable (21 % des 50 ans et plus, contre seulement 9 % des moins de 50 ans) et de ressources régulières : « rares sont celles qui n’ont aucun revenu » (9 % des 50 ans et plus, contre 20 % des moins de 30 ans). Comme en population générale, leur état de santé est plus dégradé que celui des plus jeunes, avec une maladie ou un problème de santé chronique (54 %) et/ou au moins une limitation dans les actes de la vie courante à cause d’un problème de santé ou d’un handicap (45 %). L’ONPES relève par ailleurs une prise en charge institutionnelle plus importante des femmes (moins de 1 % sont sans abri), moins nombreuses au sein de ce public que les hommes. Un constat qui s’explique « en partie par un traitement genré et familialiste des problématiques d’exclusion : les femmes ayant des enfants sont la cible prioritaire des dispositifs d’action publique ».

Enfin, ces personnes sont « globalement moins soutenues par leur famille ou leurs amis » que les plus jeunes, « soit pour des raisons structurelles (étant plus âgées, elles ont une plus grande probabilité d’avoir perdu leurs parents pour cause de décès par exemple), soit parce qu’elles en ont fait le choix (par honte d’avouer leur situation), soit en raison de ruptures qui ont fragilisé leurs liens familiaux et amicaux (prison, divorce et séparation, alcoolisme, etc.). Elles sont majoritairement au chômage, retraitées ou en invalidité et font moins appel aux services d’aide que les plus jeunes. Leur isolement semble donc sensiblement plus important ».

Notes

(1) Disponible sur www.onpes.gouv.fr.

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