D’abord, ne pas nuire : l’injonction faite aux médecins devrait aussi valoir pour la justice, a fortiori lorsque les victimes auxquelles elle a affaire sont des enfants. Ce souci est au cœur des contributions réunies par Dominique Attias, avocate, et Lucette Khaïat, directrice scientifique de l’association Louis-Chatin pour la défense des droits de l’enfant. Pour éviter que le traumatisme de la judiciarisation s’ajoute à celui de l’agression, les conditions dans lesquelles se déroule l’audition des petites victimes sont déterminantes. A cet égard, plusieurs auteurs pointent la formation insuffisante des différents acteurs de la chaîne judiciaire au recueil de la parole de l’enfant. En outre, bien que les auditions de mineurs soient obligatoirement filmées afin que les intéressés n’aient pas (trop souvent) à réitérer leurs déclarations, ces enregistrements ne sont que « très rarement visionnés » par les magistrats, avocats et experts, dénonce Marie Derain, ancienne défenseure des enfants. Il y a néanmoins quelques exceptions au tableau très noir du parcours judiciaire de l’enfant victime dressé ici. Caroline Rey-Salmon, pédiatre, coordonnatrice de l’unité médico-judiciaire (UMJ) de l’Hôtel-Dieu, à Paris, en donne un exemple, avec la coopération police-santé mise en œuvre dans cette UMJ. Mais la prise en charge psychologique rapide et adaptée dont les mineurs présumés victimes d’agression sexuelle y bénéficient est loin d’être la règle. Muriel Salmona, psychiatre, démontre que, dans leur immense majorité, les enfants victimes de violences sont « condamnés à survivre seuls aux conséquences psychotraumatiques » de celles-ci.
Le parcours judiciaire de l’enfant victime
Sous la direction de Dominique Attias et Lucette Khaïat – Ed. érès – 18 €