Quel est l’avenir des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ? Une étude du cabinet d’audit et de conseil KPMG, qui a interrogé plus de 300 directeurs d’EHPAD – pour la plupart publics ou privés non lucratifs – ainsi que des experts du secteur des personnes âgées, donne des perspectives d’évolution(1). Les auteurs identifient trois tendances majeures : l’aspiration des personnes à vieillir chez elles, le recul de l’âge d’entrée en établissement et les contraintes financières moins favorables au développement des EHPAD. Ils rappellent que le secteur est en transformation, notamment du fait de la prise en charge de plus en plus sanitaire des personnes âgées dépendantes, de la multiplication des normes, du renforcement de la réglementation et de la pression économique sur les financements.
Dans ce nouvel environnement, 95 % des directeurs déclarent avoir développé des pratiques de coopération. Pour 57 % des structures, ces dernières se font avec des services extérieurs (équipes mobiles et structures de soins palliatifs, réseaux gérontologiques, hospitalisation à domicile, établissements d’hébergement ou services tutélaires). Ces collaborations restent essentiellement centrées sur le secteur sanitaire et gériatrique et plus rarement orientées vers les services de soins et d’aide à domicile. Les auteurs notent par ailleurs que les opérateurs des secteurs des personnes âgées dépendantes et des personnes handicapées travaillent rarement ensemble. La convention de partenariat est l’outil le plus courant pour formaliser ces coopérations et seulement 29 % des directeurs interrogés citent les groupements de coopération sociale et médico-sociale. Les groupements d’employeurs, groupements d’intérêt public et fusions apparaissent comme « marginales ». 47 % des partenariats relèvent de « coopérations non formalisées », du « travail en réseau de proximité, des pratiques habituelles et de la confiance entre partenaires ».
Certains s’engagent dans des stratégies de diversification de leur offre de services afin de développer des filières sanitaires en interne en intensifiant le volet soins : soins infirmiers, médecine générale, clinique psychiatrique, SSR, HAD… D’autres font le choix de la filière gériatrique en intervenant en amont et en soutien au maintien à domicile pour proposer des solutions et des services divers aux personnes âgées et favoriser « un parcours résidentiel et de prise de soins adaptés et évolutifs ».
Comme dans de nombreux secteurs, le champ des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes connaît un « mouvement de concentration ». Interrogés sur cette transformation du paysage, 76 % des directeurs pensent que le gestionnaire d’un EHPAD unique aura une moindre place dans dix ans. Les directeurs envisagent « un net recul du secteur public » qui, selon eux, ne représenterait plus que 35 % des places autorisées – contre la moitié aujourd’hui. La part du secteur commercial pourrait atteindre 36 % (contre 20 % aujourd’hui) et le secteur privé non lucratif se maintiendrait à son niveau actuel (29 %). Enfin, au cœur des évolutions et des stratégies des EHPAD figure la gestion de l’immobilier afin de tenir compte des réglementations en vigueur relatives à la sécurité, aux normes, à l’accessibilité des locaux et à la rénovation énergétique. Moins de la moitié (48 %) des directeurs considèrent que la propriété des murs est plus favorable à la performance économique que l’externalisation. En matière de ressources humaines, trois directeurs sur quatre estiment que les EHPAD auront, dans les années à venir, davantage de besoins en termes de personnels soignants. 48 % relèvent qu’ils auront besoin de personnels spécialisés au contact des résidents (dentistes, ergothérapeutes, kinésithérapeutes). 28 % citent les personnels d’animation.
(1) « EHPAD : vers de nouveaux modèles ? » - Disponible sur