Nouvel épisode dans les projets de réforme des aides personnelles au logement (APL). Après avoir dénoncé, en novembre, les tentatives de révision dans le cadre du projet de loi de finances, les organisations étudiantes ainsi que celles œuvrant dans le champ de l’insertion s’inquiètent d’un projet de décret qui pourrait diminuer le montant des allocations des jeunes entrant dans l’emploi.
Ce projet de texte « relatif à l’évaluation forfaitaire des ressources prises en compte dans le calcul des prestations familiales et des aides personnelles au logement » – dont l’entrée en vigueur est prévue au 1er janvier 2016 – vise à supprimer une dérogation dont bénéficient aujourd’hui les jeunes de moins de 25 ans percevant moins de 1 290 € par mois. Le calcul de leurs APL ne serait plus effectué selon leurs revenus perçus lors de l’année n – 2, mais selon une évaluation forfaitaire de leur dernier salaire. La dérogation « permettait à un jeune de bénéficier du montant maximal d’aide au logement les deux premières années de son insertion ( n – 2 correspondant à sa situation d’étudiante ou de lycéenne et donc, a priori, à un revenu faible ou nul) », explique l’UNEF (Union nationale des étudiants de France). « Concrètement, ce sont près de 150 000 jeunes qui sont chacun menacés de perdre environ 750 € par an », s’insurge la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), qui rappelle que bon nombre d’étudiants et de jeunes commencent « leur vie active avec comme type d’emploi un CDD, ou l’intérim et un salaire à peine plus haut que le SMIC ». L’UNHAJ (Union nationale pour l’habitat des jeunes) a également, dans un communiqué commun avec les deux organisations étudiantes, exprimé son opposition au projet de texte.
Plus qu’un simple changement de modalités de calcul, cette réforme aura « des conséquences sociales sur les jeunes actifs » connaissant des variations de revenus ou ayant des contrats précaires, qui auront davantage de difficultés pour accéder au logement, proteste également l’UNAFO (Union professionnelle du logement accompagné), selon laquelle l’économie réalisée se chiffre à « 109 millions d’euros ». L’UNML (Union nationale des missions locales) rejette « ce choix qui remet en cause l’accès aux droits des jeunes les plus fragiles, alors qu’ils ont plutôt besoin de la solidarité nationale et intergénérationnelle pour trouver leur place dans la société comme citoyens à part entière ».