Solidaires par défaut

Comment réagiriez-vous si l’on vous imposait subitement de loger des inconnus chez vous ? C’est la situation à laquelle est confrontée la population française dans la fiction fantaisiste Le grand partage, d’Alexandra Leclère. Un jour de grand froid, le gouvernement décrète que tous les citoyens bénéficiant d’une pièce libre dans leur appartement doivent obligatoirement y loger des travailleurs pauvres. Un vent de panique s’installe à tous les étages d’un immeuble bourgeois du VII^e arrondissement de Paris – dont les habitants sont interprétés, entre autres, par Karin Viard, Didier Bourdon, Michel Vuillermoz, Valérie Bonneton, Josiane Balasko et Patrick Chesnais. Face à ce tremblement de terre dans la vie bien ordonnée des résidents, chacun se débat avec ses petits intérêts et ses névroses. Il y a ceux qui se sentent seuls et accueillent cette nouvelle dans la joie. Ceux qui militent pour le droit au logement et qui, paradoxalement, voient d’un mauvais œil l’envahissement de leur espace. Ceux qui s’empressent d’aller récupérer leurs aînés placés en maison de retraite pour occuper les chambres. Ceux, encore, qui préfèrent déménager. Ceux qui sont tentés de passer à côté de la loi sont vite dénoncés. Il y a des familles qui se désagrègent, des amitiés qui se forment, des caractères qui se révèlent, des avis qui changent, des curiosités qui s’éveillent et des magouilles qui se mettent en place, dans cette jolie comédie qui interroge tout un chacun sur l’attitude qu’il adopterait face à une « obligation de solidarité ».