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Au plus près des migrants

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Ils sont deux journalistes à avoir, pour témoigner et documenter, entrepris un périple : vivre la réalité des migrants, plutôt qu’écrire des papiers à distance. Pour mener l’enquête qui leur tenait à cœur, ils ont pris des risques. Et rapporté de leur odyssée un livre pour l’un, des sons pour l’autre.

A la fin 2013, Arthur Frayer-Laleix se posait mille questions… Qui sont les passeurs ? D’où viennent-ils ? Comment opèrent-ils ? Quelle est la proportion des migrants économiques et des clandestins fuyant la guerre ? Comment les exilés trouvent-ils du travail au noir ? Il lui a semblé que le moyen « le plus sûr » (!) pour raconter ce monde invisible était de se glisser « dans la peau d’un migrant ». Le jeune journaliste n’en est pas à son coup d’essai : en 2011, pour enquêter pendant plusieurs mois sur les surveillants de prison, il s’était mis dans celle d’un « maton ». Il a reproduit cette méthode afin de s’infiltrer incognito auprès des passeurs, des logeurs et des intermédiaires du trafic de clandestins, se fixant pour règle de « redevenir journaliste dès que l’infiltration n’est plus nécessaire » pour interroger les policiers, les magistrats et les avocats qui défendent les trafiquants. Son point de départ : le Pakistan. Huit mois plus tard, séparé de son guide interprète Hanan, celui qui se fait appeler Akhter et s’est laissé pousser la barbe est arrêté par des policiers bulgares. Entre les deux, il y a la Turquie, l’Allemagne, mais aussi la Grèce, la Roumanie, les négociations avec les passeurs – dits « agents » – et des allers-retours en France. Arthur Frayer-Laleix découvre à quel point le trafic des migrants est un commerce « artisanal et nébuleux », un univers « de débrouille et de petites combines ». Il se rend compte aussi que beaucoup de clandestins veulent juste partir de leur pays et se lancent dans cette folle expédition sans savoir grand-chose du monde : certains confient au journaliste qu’ils pensent que Chypre se trouve au large des côtes américaines ou que la Grande-Bretagne est une ville…

Envoyé spécial de Radio France, Omar Ouahmane a choisi un autre angle. Durant douze jours, il a suivi une famille syrienne – Wassim, sa femme Maia et leurs jeunes enfants Mohamed et Lotus – depuis la frontière du pays avec la Turquie jusqu’à Vienne, en passant par la mer Méditerranée, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie et la Hongrie. Un très long voyage, avec beaucoup d’imprévus, de cohues et de promesses non tenues. Un reportage réalisé dans des conditions particulièrement difficiles : fourgons nocturnes, traversée en canot éclairée par la lune, passages de frontière dans la clandestinité et à pied, en suivant des chemins selon les objets abandonnés par les réfugiés précédents. Parmi les sons recueillis – le bruit des vagues et des moteurs, la marche, les souffles, les encouragements –, les impressions de la famille de Wassam, tantôt émue, apeurée, fatiguée, soulagée… et impatiente de pouvoir, un jour, poser ses sacs à terre et ne plus se sentir réfugiée.

Dans la peau d’un migrant

Arthur Frayer-Laleix – Ed. Fayard – 18 €

12 jours dans la vie d’un réfugié

Omar Ouahmane – Emission de France Inter « Interception » du 18 octobre 2015, à réécouter sur http://goo.gl/VmYAUm

Culture

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