Le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph) décrit, dans une enquête, le parcours d’étudiants handicapés sortis de l’enseignement supérieur entre 2007 et 2013, diplômés ou non, et ayant été mis en relation avec les services d’accueil des étudiants handicapés (SAEH)(1). Pour beaucoup, les obstacles interviennent avant même l’entrée dans la vie active, au cours des stages effectués par 85 % des 466 répondants : 32 % indiquent avoir éprouvé des difficultés au cours de leur recherche et 22 % dans leur déroulement.
Pour une trentaine d’enquêtés, ces difficultés sont qualifiées de « normales », mais la question de l’accessibilité est posée par une vingtaine d’autres, des personnes malentendantes ou handicapées visuelles évoquent des freins spécifiques et, enfin, une quinzaine d’enquêtés parlent de « refus systématiques en raison de leur handicap, lors du contact téléphonique ou de l’entretien ». Au cours du stage, les difficultés rapportées ont trait au manque d’adaptation des postes, à la fatigue liée à la charge de travail et, dans de rares cas, à des problèmes de communication voire, exceptionnellement, à des « conflits plus ou moins forts allant de reproches sur les compétences (en lien avec une mauvaise compréhension du handicap) à la rupture de la convention de stage ».
Au moment de l’enquête, 274 personnes étaient en poste (59 %), 45 en formation continue (10 %) et 147 sans activité professionnelle (32 %), parmi lesquelles 103 cherchaient un emploi. « Les niveaux d’études des enquêtés influencent les taux d’emploi », puisque 61 % des personnes n’ayant validé aucun diplôme dans l’enseignement supérieur étaient sans travail. En outre, « la comparaison du taux d’emploi selon les types de troubles indique une variation importante entre les personnes ayant des troubles du langage et de la parole (73 %) et les personnes ayant des troubles psychiques (41 %) », écrivent les auteurs. « Des écarts similaires et une hiérarchie très proche » sont constatées quant à « l’influence du handicap sur la situation des enquêtés » en général : ainsi, seuls 11 % de ceux qui ont un trouble du langage et de la parole déclarent que leur handicap a beaucoup influencé leur situation, contre 50 % pour les personnes ayant un trouble moteur, 65 % plusieurs troubles associés et 68 % un trouble psychique.
Par ailleurs, si la quasi-totalité des enquêtés étaient reconnus comme « étudiants handicapés », seuls les deux tiers avaient une reconnaissance administrative de leur handicap au moment de l’enquête. Parmi le tiers restant, 75 % n’avaient pas demandé cette reconnaissance, 5 % ne l’avaient pas obtenue, 6 % avaient une demande en cours et 13 % avançaient d’autres explications (résidence à l’étranger, ignorance des dispositifs…). « On trouve plus de personnes inactives ou en recherche d’emploi parmi celles ayant une reconnaissance administrative de leur handicap », précise l’Agefiph.
Cette publication propose d’ailleurs un focus sur les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), qui représentent 43 % des personnes enquêtées déclarant une reconnaissance administrative – la plus courante étant la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), pour 59 % des enquêtés « reconnus ». « L’enquête met en évidence des incidences plus importantes du handicap chez les personnes reconnues administrativement, [incidences] globalement accrues chez les bénéficiaires de l’AAH » : « on compte quatre fois plus d’inactifs parmi les bénéficiaires de l’AAH que parmi les bénéficiaires d’un autre titre de reconnaissance ».
(1) Enquête disponible sur