L’âge rebelle

Aurélie, Michael et Foued ont été de ces adolescents qu’on nomme des « mineurs délinquants ». Ils ont tous les trois « tenu les murs », avant de passer aux vols puis au deal et aux braquages, seuls ou en bandes. Ils ont aujourd’hui 25, 32 et 34 ans et ont disparu des radars policiers et judiciaires. Les journalistes de Sur les docks ont voulu faire entendre ces anciens délinquants presque caricaturaux dans leur parcours et pourtant « tirés d’affaire ». Aurélie, Michael et Foued sont la porte d’entrée d’une semaine de quatre émissions radiophoniques consacrées à la délinquance des mineurs. Dans la séquence Le péril jeune, France Culture propose aussi de fouiller les archives de la radio et de la télévision françaises pour revenir sur le rapport de notre société à sa jeunesse – comme pour prouver que les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas plus difficiles que ceux d’hier. Ainsi, aux « gamins de Paris » qui poignardaient les bourgeois dans le dos, succèdent les « apaches » et leurs règlements de comptes, les « blousons noirs » et leurs chaînes de vélo, puis les « racailles » et leurs casquettes ! L’émission tend aussi le micro à des sociologues et à des historiens, qui font visiter les anciens locaux de la ferme de Champagne de Savigny-sur-Orge (Essonne), centre d’observation public de l’éducation surveillée de 1945 à 1972.

Les journalistes Patrick Boudet et Jean-Philippe Navarre ont, quant à eux, franchi les portes de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Porcheville (Yvelines), pour rencontrer cinq jeunes incarcérés qui se confient sur leur vie sous écrou. A propos de la prison, les avis diffèrent : si certains trouvent que « c’est bidon, c’est comme être enfermé longtemps dans sa chambre », d’autres se rendent vite compte que « la liberté, c’est savoureux ». Ces « adulescents » parlent sans fard de ce qui les a amenés là où ils sont, et admettent que, « quand on est dehors, on se dit qu’on va jamais se faire attraper »… Enfin, une séquence originale est consacrée à l’expérience de Ryan, 17 ans, qui, après quelques mois de prison, a rejoint la famille Perarnaud sur la route. Ces Circassiens ont l’habitude d’embarquer dans leur caravane des adolescents condamnés par la justice…