Considérer les enfants exposés à des scènes de violences conjugales comme des covictimes de ces dernières relève d’une prise de conscience relativement récente. Cette reconnaissance est fondamentale pour apporter un soutien adapté aux intéressés, car « le fait d’avoir été témoin d’une menace sur l’intégrité physique et/ou émotionnelle de la personne qui s’occupe d’eux, c’est-à-dire leur figure d’attachement sécurisante, le plus souvent leur mère », constitue un véritable traumatisme, souligne le psychiatre Maurice Berger dans sa préface à cet ouvrage essentiel de Karen Sadlier, psychologue clinicienne, spécialiste du traitement des enfants ayant vécu des événements psychotraumatiques. Entourée de deux autres experts de cette problématique – Ernestine Ronai, notamment responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, et Edouard Durand, magistrat –, Karen Sadlier montre comment la violence dans le couple, fondée sur une organisation du pouvoir asymétrique, est incompatible avec le « paradigme démocratique » de la coparentalité, qui implique de faire équipe pour le bien-être des enfants. Préserver ces derniers, dont on estime que 40 % sont également maltraités physiquement par l’auteur des violences, est le motif principal qui décide les femmes à quitter leur partenaire. Mais encore faut-il, après la séparation, ne pas mettre les enfants ni leur mère en danger par des pratiques inadaptées autour de l’organisation du maintien du lien avec le parent violent. C’est l’objet de plusieurs dispositifs innovants, initiés en Seine-Saint-Denis, qui sont ici détaillés.
Violences conjugales : un défi pour la parentalité
Sous la direction de Karen Sadlier – Ed. Dunod – 17,90 €