Le Snasen (Syndicat national des assistants sociaux de l’Education nationale)-UNSA se félicite, à son tour, qu’« après plus de 30 ans de silence » sur le sujet (la circulaire « Questiaux » date du 28 mai 1982), le gouvernement ait repris la parole sur le travail social par le plan d’action présenté le 21 octobre en conseil des ministres(1). Mais si elle en approuve plusieurs orientations, l’organisation aurait souhaité qu’il s’accompagne d’un message de politique générale en direction des travailleurs sociaux, visant notamment à reconnaître « le travail social comme acteur essentiel de cohésion sociale, enjeu de citoyenneté et de solidarités, visant l’émancipation des populations ».
Au-delà de ce premier grief, le syndicat s’inquiète de plusieurs projets. « Le plan d’action pour le travail social et le développement social omet de considérer les réalités réglementaires et les valeurs du travail social », estime-t-il. Ainsi, « les conditions de partage d’informations définies par la loi ne peuvent être négociées par consensus. Il convient de garantir à la personne accompagnée les mêmes garanties de respect de sa vie privée que dans le domaine médical ou juridique. Il faut clarifier les rôles et missions des bénévoles et des professionnels, [sous peine] d’instaurer une confusion des genres néfastes pour tous au regard des responsabilités engagées. » Par ailleurs, le Snasen considère que l’élaboration d’un plan numérique pour le travail social « nécessite de s’interroger sur les actuelles dérives autour de l’informatisation des services sociaux », devenue tant un « outil de gestion de dispositifs toujours plus exigeants en temps administratif » qu’un « outil d’évaluation professionnelle ». « Comment éviter que le dossier social unique ne fasse l’objet de fichage ou/et de contrôle social ? », s’interroge l’organisation syndicale. Elle rappelle aussi des revendications non satisfaites : « C’est parce qu’on donnera aux travailleurs sociaux les moyens d’exercer leurs missions et qu’on reconnaîtra enfin leur expertise de terrain qu’ils seront armés pour contribuer aux enjeux de cohésion sociale ».
Le Snasen pointe également « ce qui fâche » dans le plan d’action. Le classement au niveau II du RNCP (répertoire national des certifications professionnelles) et la reconnaissance au niveau licence des diplômes actuellement de niveau III « ne sont qu’une stricte application des règles européennes » et « ne peuvent pas se voir conditionnés à une refonte des diplômes d’Etat », conteste-t-il, précisant néanmoins être « favorable à un référentiel universitaire » afin que le travail social soit reconnu comme une discipline. La refondation du travail social « ne doit pas être une excuse pour reporter cette reconnaissance européenne que la France n’a que trop tardé à appliquer », estime-t-il.
Au final, le plan d’action, « qui se veut concret, instaure une série de nouveaux dispositifs supplémentaires dits expérimentaux sans clarifier suffisamment l’ambition d’une politique sociale nationale claire et cohérente », juge le Snasen, qui semble voir dans ces annonces, au bout de trois ans de travail, « une occasion manquée ».