Le nombre de réponses positives apportées à des personnes ayant sollicité le 115 le mois dernier a baissé de 12 % par rapport à la même période l’année précédente, constate la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) dans son dernier baromètre du 115 pour le mois d’octobre, rendu public le 24 novembre(1). Ce bilan réalisé auprès des 115 de 45 départements et de celui de la capitale, géré par le SAMU social de Paris, montre que 58 % des personnes ayant sollicité le numéro d’appel en octobre n’ont pas obtenu d’hébergement, soit 13 700 individus, dont 6 400 en famille « et un nombre grandissant de personnes isolées ». Ce sont au total 71 % des demandes d’hébergement qui sont restées sans réponse, contre 66 % l’année dernière à la même période, précise la FNARS, faisant état d’un « manque de places persistant ». Si le recours au 115 est resté « globalement stable » entre octobre 2014 et octobre 2015, la situation est « très contrastée » selon les territoires, puisque 25 départements enregistrent une hausse, « parfois importante », tandis, qu’à l’inverse, 20 autres affichent une baisse. Cette dernière n’est cependant « pas forcément synonyme de meilleure prise en charge », souligne la FNARS, car elle s’est accompagnée, pour un tiers de ces départements, d’une augmentation des demandes d’hébergement par les personnes qui n’ont pas obtenu de solution et par celles qui n’ont bénéficié que de séjours de courte durée, les obligeant à réitérer plusieurs fois leur demande dans le mois. « Dans dix départements, le taux de non-attribution est supérieur à 80 % », évalue le baromètre. « Dans ce contexte de gestion de la pénurie, la priorisation des orientations, entre des situations qui devraient légalement toutes être prises en charge, s’impose quotidiennement aux écoutants. »
Les familles demeurent le public sollicitant le plus fortement le 115, en progression de 2 %, tandis que l’augmentation la plus marquée concerne les publics isolés, majoritairement des hommes, dont le recours a augmenté de 7 % entre octobre 2014 et octobre 2015. Seule exception : les données recueillies dans la capitale le mois dernier (29 400 demandes) révèlent une légère baisse par rapport à octobre 2014 (– 3 %), en raison « principalement, d’une prise d’appels moindre ». Et si les demandes des personnes en famille ont été majoritaires (47 %) à Paris, poursuivant leur progression (+ 9 %), les sollicitations des hommes seuls – 42 % de l’ensemble des demandes – ont, « à l’inverse », chuté de 12 %, tout comme celles des autres personnes isolées, « témoignant des difficultés d’accès au numéro 115 pour ce public sous la pression des demandes émanant de familles toujours plus nombreuses ».
La hausse des demandes restées sans solution par rapport à 2014 « s’explique principalement par une diminution des orientations à l’hôtel (– 30 %) sans alternative, contrairement à ce que prévoyait le plan de réduction des nuitées hôtelières du gouvernement », commente la FNARS. Il n’y a ainsi pas eu de compensation par une hausse des orientations dans les centres d’hébergement ou des logements sociaux, les attributions en centres d’hébergement d’urgence baissant même légèrement (– 2 %). Pour la fédération, ce constat questionne la stratégie accompagnant le plan de résorption des nuitées hôtelières puisque dans les territoires où il a été mis en œuvre, avec des baisses allant de 7 % à 100 %, « le développement d’alternatives ne semble pas avoir été préalable ou concomitant à la réduction des places d’hôtel dans un contexte de pénurie de places d’hébergement ».
Enfin, la FNARS demande à l’Etat, après la forte baisse des températures enregistrée depuis le week-end dernier, « d’ouvrir en urgence les capacités d’accueil du plan hiver sans attendre que les personnes soient en danger » et réclame que « tous les locaux disponibles et adaptés à un accueil digne » soient mis à la disposition du 115.
(1) En ligne sur