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Chaque année, près de 223 000 femmes déclarent être victimes de violences conjugales

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En 2014, 134 femmes et 31 hommes sont morts sous les coups de leur conjoint, ex-conjoint ou partenaire et 35 enfants mineurs ont été tués dans le cadre de violences au sein du couple, indique la dernière lettre de l’Observatoire national des violences faites aux femmes diffusée à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre(1). En moyenne, chaque année, 223 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de « violences conjugales graves (violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint) ». Parmi elles, 14 % seulement ont déposé plainte. Par ailleurs, 143 000 enfants – dont 42 % ont moins de 6 ans – vivent dans un foyer où une femme a déclaré être victime de violences conjugales. Si l’on sort du champ purement familial, on estime en moyenne à 84 000 le nombre de femmes qui sont chaque année victimes de viols ou de tentatives de viol. Et, dans 90 % des cas, les victimes connaissent leur agresseur. Il s’agit, pour un peu plus de la moitié d’entre elles, d’un membre du ménage.

Doublement des appels au 3919

L’an dernier, la plateforme téléphonique « 3919 – Violences Femmes Info » a reçu 72 138 appels (+ 52 %), dont 8 827 « appels parasites », selon un bilan publié le 23 novembre par l’association qui la gère, la Fédération nationale solidarité femmes(2). Initialement destinée aux violences conjugales, cette plateforme a été élargie, il y a deux ans, à toutes les formes de violences contre les femmes. Un peu plus de 50 780 ont été traités, soit deux fois plus qu’en 2013. Sur ce nombre, près de 39 000 appels concernaient les violences faites aux femmes, avec, pour principal motif, les violences conjugales (98 %), suivi des violences sexuelles (1,7 %), du harcèlement sexuel au travail (0,3 %), des mariages forcés ou crimes d’honneur (0,1 %) et des mutilations sexuelles féminines (0,01 %). Les autres appels avaient trait à d’« autres types de violences » ou à des « demandes d’information ». Les femmes victimes de violences conjugales appellent principalement d’Ile-de-France, de Rhône-Alpes, de Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Nord-Pas-de-Calais et des Pays-de-la-Loire. La Fédération nationale solidarité femmes relève par ailleurs que 2,7 % des femmes appelant le 3919 étaient enceintes. En outre, 16 % des femmes ayant décroché leur téléphone pour joindre la plateforme l’on fait au moment du départ du domicile et 103 étaient déjà à la rue sans solution d’hébergement.

Cinq priorités gouvernementales

La journée du 25 novembre a également été l’occasion pour le gouvernement de dresser le bilan de son action en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et, surtout, de présenter ses priorités pour 2016. Au-delà de la mise en œuvre du plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes pour la période 2014-2016(3), la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Marisol Touraine, et sa secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes, Pascale Boistard, entendent ainsi mettre l’accent l’an prochain sur :

→ la lutte contre les violences sexistes dans l’espace public (transports publics, Internet et réseaux sociaux…) ;

→ le renforcement de la lutte contre les violences sexuelles. Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes doit remettre « très prochainement des recommandations d’actions au gouvernement dont il pourra s’inspirer », précise le ministère ;

→ l’extension du champ des formations des professionnels susceptibles d’être au contact de femmes victimes de violences. Il s’agira « d’intégrer notamment la lutte contre les mariages forcés, l’excision, la lesbophobie, la protection des personnes prostituées et un meilleur accompagnement des femmes handicapées victimes de violences ». La mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) sera saisie à cet effet, indiquent Marisol Touraine et Pascale Boistard. Et les violences faites aux femmes feront partie des formations pluriprofessionnelles prioritaires prévues par le plan d’action en faveur du travail social et du développement social, présenté en octobre dernier(4). S’agissant plus spécifiquement des femmes handicapées, le gouvernement indique qu’une fiche-réflexe pour les agents du numéro d’urgence 114 sera élaborée et que les films de formation créés par la Miprof seront interprétés en langue des signes française ;

→ l’amélioration de la prise en charge des victimes par le système de santé. Pour cela, les établissements autorisés en médecine d’urgence devront désigner un référent « violences faites aux femmes » chargé de sensibiliser ses collègues et d’identifier les partenaires locaux utiles à la prise en charge de ces violences. L’ensemble des référents seront réunis début 2016 pour bénéficier d’une formation approfondie. En outre, chaque urgentiste recevra un kit de prise en charge des femmes victimes de violences ;

→ la prise en compte de l’impact sur les enfants des violences dans le couple. Une étude sur ce sujet sera menée par le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes. Et un travail sur les pratiques professionnelles de coordination entre le juge aux affaires familiales et le juge pénal sera impulsé.

Marisol Touraine et Pascale Boistard indiquent également que, pour « mieux connaître la réalité des violences faites aux femmes en situation de handicap et de mieux y répondre, un groupe de travail, piloté par la Miprof, a été lancé cette année ». Il doit dresser un état des lieux des violences faites aux femmes handicapées pour identifier des besoins, initier des actions et mettre en place des mesures de prévention et de protection spécifiques.

De son côté, le ministère de l’Education nationale a annoncé, dans un communiqué du 24 novembre, la diffusion de nouveaux outils pour former les personnels – en particulier les personnels de santé et sociaux – à agir face aux conséquences des violences intrafamiliales sur les élèves ou aux situations liées à des violences sexistes ou à caractère sexuel. Il prévoit notamment l’utilisation d’un kit de formation se composant d’un court-métrage intitulé « Tom et Lena » et de son livret d’accompagnement(5).

Notes

(1) Lettre n° 8 – Novembre 2015 – Disponible sur http://stop-violences-femmes.gouv.fr.

(2) Bilan disponible sur www.solidaritefemmes.org.

(3) Voir ASH n° 2835 du 29-11-13, p. 5.

(4) Voir ASH n° 2932 du 6-11-15, p. 67.

(5) Il est possible de visionner ce film sur http://stop-violences-femmes.gouv.fr.

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