Après Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l’enfer(1), dans lequel elle rapportait les témoignages de nombreuses familles dont les enfants ont basculé dans l’islamisme radical, l’anthropologue spécialiste du fait religieux Dounia Bouzar poursuit son combat pour différencier l’islam du radicalisme violent. Elle décrit, cette fois, le fonctionnement de la cellule de désembrigadement qu’elle dirige et qui parcourt la France à la rencontre de ces jeunes(2).
Le livre met en perspective leurs itinéraires avec ceux des membres de l’équipe de Dounia Bouzar. Parmi eux, Samy, dont la jeune sœur est séquestrée en Syrie. Il y a aussi Zahra, qui vit dans la peur que son mari, radicalisé, y emmène sa fille – lui qui recouvre d’une chaussette le visage de sa poupée. L’ancienne éducatrice de la protection judiciaire de la jeunesse relie également sa propre expérience de l’emprise qu’exerçait son ex-conjoint, radicalisé et ultraviolent, à celle qui est vécue par les jeunes prisonniers d’une idéologie sectaire.
Dans ce récit, on croise Hanane, qui a réussi à s’échapper de Syrie après avoir été violentée parce qu’elle ne voulait pas se marier ; Inès, placée en centre éducatif fermé (CEF) pour apologie du terrorisme ; Ali et Aouda, jeune couple de 26 ans dont le bébé a été placé en pouponnière lorsqu’ils ont été interceptés à la frontière… Loin de les présenter comme des fanatiques assoiffés de sang, l’auteur décrit des jeunes qui voulaient « sauver la vie des enfants gazés par Bachar ». « Il faut avoir vécu avec les frères et les sœurs de la Dawla [autre nom de Daesh] pour comprendre : l’engouement, la fraternité, la complicité, le rêve », se rappelle l’une des jeunes filles. Quand les yeux se dessillent, que les manipulations mentales sont mises au jour, il faut ensuite réapprendre à vivre et, surtout, à penser seul.
(2) Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (
La vie après Daesh
Dounia Bouzar – Les Editions de l’atelier – 15 €