Président de Solidarités nouvelles pour le logement (SNL) depuis le 15 septembre, le préfet Alain Régnier, ancien délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), a présenté, le 18 novembre, les grandes orientations de cette association francilienne d’insertion par le logement pour les trois prochaines années. Orientations qui poursuivent un objectif double : donner plus de visibilité à une association « discrète » – une nécessité dans cette période où « les financements publics sont fragiles » – et faire part des nouveaux programmes qu’elle s’apprête à engager, notamment grâce aux financements obtenus dans le cadre de l’appel à projets « La France s’engage ».
Lauréate du label présidentiel depuis juin dernier, SNL compte en effet utiliser les fonds décrochés dans ce cadre (600 000 € sur trois ans) « pour multiplier l’offre de logements par trois [et] passer à 150 nouveaux logements par an au lieu de 50 actuellement », a ainsi expliqué l’ancien DIHAL. « Nous voulons également couvrir dans les trois ans la totalité du territoire francilien, sachant que nous ne sommes pas encore présents dans le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne et que nous venons d’amorcer nos actions dans la Seine-Saint-Denis », a-t-il ajouté. L’association souhaite aussi pouvoir répondre à la demande d’associations spécialisées (auprès des personnes handicapées, en particulier), en créant des logements adaptés dans le cadre de la maîtrise d’ouvrage d’insertion pour tiers, assurée par SNL-Prologues.
En outre, SNL a pour ambition de « poursuivre la mobilisation de la société civile en recrutant chaque année un nombre de bénévoles suffisant pour permettre l’accompagnement de tous les nouveaux locataires », détaille l’association. Chargés d’accueillir et de rendre visite régulièrement aux ménages locataires, d’organiser des sorties ou des moments de convivialité, « le rôle des bénévoles est différent du travail assuré par les travailleurs sociaux qui assurent l’ouverture des droits et préparent la sortie dans le droit commun, vers un logement pérenne », a précisé Alain Régnier. Avant de rappeler que l’organisation qu’il préside n’est pas une association d’accueil d’urgence : « Nous intervenons en aval du processus de l’urgence ».
Autre particularité de SNL : intervenir dans le logement diffus. « Par rapport aux enjeux de mixité, nous menons de petites opérations avec une vraie capacité à s’insérer dans le tissu urbain classique. » L’ancien DIHAL a également indiqué que SNL entendait avoir une action citoyenne pour les réfugiés, là encore à travers une réponse à moyen terme.
Par ailleurs, si l’association n’a pas l’ambition d’être un nouveau porte-voix dans le champ du mal-logement, estimant que ce rôle est bien rempli – en particulier par le biais du Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement et de l’hébergement des personnes sans abri et mal logées –, elle souhaite peser sur ces questions au niveau de la région. Alain Régnier a ainsi adressé une lettre ouverte aux têtes de listes candidates aux élections régionales, et doit prochainement rencontrer des élus du « Grand Paris », afin d’examiner son rôle en tant qu’acteur du logement d’insertion autour des futures grandes gares et, plus généralement, au sein du « débat sur la place du logement dans la métropole ».
SNL livre par ailleurs quelques données issues de son étude d’impact 2014, dont les résultats complets devraient être publiés d’ici à un mois. Selon ces chiffres, près de 80 % des locataires accueillis au sein de son réseau étaient auparavant dépourvus de logement personnel (hébergés chez des tiers, vivant en caravane, à l’hôtel, en structure d’hébergement, sans domicile…) et 58 % de ces ménages disposent d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté monétaire, près des trois quarts d’entre eux ayant pour unique ressource les prestations sociales ou familiales. Quant à la durée moyenne d’accueil, elle est de trois ans, 93 % des ménages accompagnés quittant l’association pour intégrer un logement de droit commun.