En 2004, Noëlle Châtelet publiait La dernière leçon, roman autobiographique fort sur la « mort choisie » de sa mère âgée, ancienne sage-femme et l’une des fondatrices de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). Couronné du prix Renaudot des lycéens, ce livre avait, à l’époque, suscité le débat. Même si dix ans est le temps qu’il a fallu à l’écrivaine pour accepter que son histoire soit transposée à l’écran, la date de sortie en salles du long métrage La dernière leçon tombe surtout à point nommé, alors qu’une loi est toujours en attente sur les nouveaux droits pour les malades et les personnes en fin de vie. L’adaptation de Pascale Pouzadout prend quelques distances avec le récit de Noëlle Châtelet, en le transposant dans une famille fictive. Elle raconte néanmoins la même histoire, qui ébranle forcément le spectateur : celle d’une femme âgée qui, sans être malade, voit son corps qui « se déglingue de partout » et décide de mettre un terme à ses jours, demandant à ses enfants et à ses petits-enfants de la soutenir dans ce geste. En leur annonçant la date précise de sa mort, elle espère les préparer aussi doucement que possible à sa future absence. Si certains acceptent sa décision, d’autres ne parviennent pas à apprivoiser leur peur, leur tristesse. Après avoir essayé de la dissuader, Diane, sa fille, décide finalement de l’accompagner tout au long de son compte à rebours et de partager avec elle quelques derniers moments complices. Pour son fils, Pierre, l’annonce de son suicide à une date donnée n’est pas « entendable » : il accuse sa mère de ne pas faire preuve de courage, mais d’un excès d’orgueil. Femme de tempérament, Mady ne se laisse pas influencer, certaine depuis longtemps de vouloir partir tant qu’elle en a « encore la force ». Elle est également soutenue par Victoria, son aide à domicile, qui, de par sa culture africaine, apporte un autre regard sur le rapport à la mort. La décision de la nonagénaire pose question tout au long du film, surtout quand elle se retrouve à l’hôpital et s’emporte contre les médecins, qu’elle accuse de vouloir « forcer les gens à vivre »…
En parallèle à la sortie du film, Noëlle Châtelet publie Suite à La Dernière Leçon, dans lequel elle raconte les années qui ont suivi le succès de son roman originel, et comment celui-ci l’a menée à s’engager très fortement pour « la mort dans la dignité ». Le livre est ainsi une réflexion nourrie au fil des jours et des mois, jalonnée par l’actualité sur le sujet (l’affaire Vincent Lambert, notamment). L’auteure y narre également les différentes étapes de la préparation du film tiré de son récit – une forme de dépossession…
La dernière leçon
Pascale Pouzadout – Avec Sandrine Bonnaire, Marthe Villalonga et Antoine Duléry – 1 h 45 – En salles
Suite à La Dernière Leçon
Noëlle Châtelet – Ed. du Seuil – 17 €