De plus en plus de chercheurs académiques collaborent avec des praticiens pour travailler sur une problématique qui concerne directement ces acteurs sociaux. C’est un état des lieux de ces rencontres que propose ce copieux ouvrage collectif coordonné par un comité dit des « chercheurs ignorants », pour mettre l’accent sur le fait que chaque chercheur-acteur est ignorant des points de vue des autres. L’intérêt des recherches-actions collaboratives(1) est qu’elles conduisent « chercheurs professionnels et professionnels en recherche » – selon une formule du sociologue Bertrand Ravon – à réfléchir aux questions étudiées d’une manière différente de celle qui est la leur habituellement. Le mouvement ATD quart monde et sa démarche de croisement des savoirs entre universitaires ou partenaires de l’action sociale et personnes ayant l’expérience de la pauvreté est un exemple de ces pratiques d’hybridation féconde. Il y en a ici beaucoup d’autres. Ainsi, Frédérique Streicher, responsable de la formation au diplôme d’Etat d’ingénierie sociale à l’IRTS de Lorraine, montre comment une étude de terrain sur les besoins des personnes âgées en matière d’habitat, menée en partenariat par les commanditaires-acteurs d’un conseil départemental et des chercheurs-ingénieurs, aboutit à des « produits transactionnels » qui permettent de « dévoiler des réalités jusque-là niées ou minorées ». Reste la question des conditions d’usage des connaissances que l’on coconstruit, posée par Bertrand Ravon. Soit, aussi, celle de la finalité de ce type de recherche-action : « Est-elle de rendre plus robuste la science ou la démocratie ? », interroge-t-il.
Les recherches-actions collaboratives. Une révolution de la connaissance
Les chercheurs ignorants – Ed. Presses de l’EHESP – 26 €