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Deux études analysent les marges de progrès dans l’humanisation des centres d’hébergement

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Après avoir rendu publics, en avril dernier(1), les premiers éléments d’une étude quantitative sur le programme d’humanisation des centres d’hébergement, qui mettait en évidence les retombées positives de ce plan lancé en 2008 – grâce notamment au remplacement progressif des places en dortoirs par des chambres individuelles –, la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) vient de publier une nouvelle synthèse plus complète de ces données, collectées en 2013 auprès de 205 établissements(2). Elle est accompagnée, cette fois, d’une analyse qualitative réalisée dans cinq centres d’hébergement situés dans autant de régions : un centre d’hébergement d’urgence et quatre centres d’hébergement et de réinsertion sociale, dont deux disposant de lits d’hébergement de soins infirmiers.

Clarifier le positionnement des centres

Sur le plan quantitatif, l’individualisation des chambres « n’a pas pour autant diminué l’offre d’hébergement puisqu’au contraire, il est observé une très légère hausse du nombre de places », souligne la DIHAL. Elle n’a pas non plus « engendré une baisse de la superficie des espaces collectifs ». Mais, « au-delà de l’intervention sur le bâti, l’humanisation devait également être l’occasion pour les établissements de revisiter leur fonction sociale ». Certes, plus de la moitié des établissements ont modifié leur projet social mais « les marges de progrès restent importantes » et nombre de règlements intérieurs « doivent encore évoluer » (en matière d’accueil 24 heures sur 24, de possibilité de fermer sa chambre à clé, d’association des personnes aux projets ou encore d’accueil des animaux). D’où l’intérêt de l’étude qualitative qui a pour objet « de décrire précisément les projets réalisés et d’évaluer leurs effets auprès des personnes travaillant ou résidant dans les établissements, au regard des objectifs du programme d’humanisation ». Deux des cinq centres étudiés ont mené une réhabilitation, deux autres sont installés dans une construction neuve et le dernier a fait l’objet d’une opération mixte.

A l’issue de cet examen, une première recommandation a été établie : « le programme d’humanisation des centres d’hébergement doit s’inscrire dans des démarches partenariales de programmation territoriale, notamment via les plans départementaux d’action pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées ». Et, afin de répondre au mieux aux besoins locaux, il est « nécessaire de clarifier précisément, le plus tôt possible, le positionnement de l’établissement, de façon à orienter l’ensemble du projet selon le type de public accueilli ». Le maximum d’acteurs concernés doivent être associés à l’élaboration de ce projet, « le plus en amont possible » : services déconcentrés de l’Etat, collectivités locales, bailleurs, architectes…, sans oublier les résidents. L’étude a en effet révélé que les établissements analysés, « à quelques exceptions, n’ont pas associé les personnes accueillies et le personnel à la conception […] du projet ». Or, si cette participation « peut être délicate à mettre en œuvre », elle est « primordiale pour permettre le respect de l’expression de chacun et faciliter l’appropriation du nouveau projet par tous ».

Repenser le règlement intérieur

Partant de là, les projets d’humanisation doivent « permettre de repenser le règlement intérieur et le fonctionnement de la structure ». Dans la plupart des cas étudiés, « l’humanisation a permis d’assouplir un règlement jusqu’alors considéré par les résidents comme trop contraignant » et a été l’occasion de proposer de nouveaux services et de nouvelles prestations. Enfin, pour les professionnels, cela « a considérablement amélioré les conditions d’exercice et apaisé les relations avec les résidents ».

L’individualisation des chambres et des sanitaires, par ailleurs, est « considérée par l’ensemble des acteurs comme fondamentale, un préalable à tout accueil respectueux de la dignité des personnes ». Elle entraîne « une diminution importante des conflits et des tensions au sein des établissements » et renforce le sentiment de liberté et d’autonomie des résidents. Elle favorise enfin un meilleur accompagnement social des personnes accueillies. La démarche d’humanisation peut ainsi « permettre d’améliorer la vie commune et l’ambiance générale, grâce à des locaux plus accueillants, mais aussi par le biais d’animations collectives variées, ouvertes à tous et facultatives », même si l’accompagnement social individuel « demeure central ».

Dernière recommandation : il est « indispensable d’évaluer finement l’impact des changements apportés sur les coûts ultérieurs ». En effet, les démarches d’humanisation « ont généralement entraîné une augmentation des coûts de fonctionnement » (augmentation des surfaces à chauffer et à nettoyer, du nombre de points d’eau, mise en place d’ascenseurs, renforcement des modalités d’accompagnement…). Raison pour laquelle « la réflexion autour des impacts et de la recherche d’économies, de la diminution du renouvellement du matériel vétuste, de la mutualisation de coûts de structure, etc. doit faire partie intégrante du projet d’humanisation », recommande la DIHAL.

Notes

(1) Voir ASH n° 2906 du 17-04-15, p. 7.

(2) Disponible sur www.dihal.gouv.fr.

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