Les hommes homosexuels pourront bientôt donner leur sang. Le 4 novembre, la ministre de la Santé a annoncé la fin de l’exclusion permanente du don du sang par les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Une exclusion appliquée en France depuis 1983 en raison du risque de transmission du VIH sur le fondement d’une circulaire formalisée par un arrêté en 2009(1). Après un arrêt du 29 avril dernier de la Cour de justice de l’Union européenne(2), Marisol Touraine avait confirmé son intention de fonder l’interdiction sur l’existence de pratiques à risque, et non plus sur la seule orientation sexuelle. Cette discrimination fait peser sur les homosexuels masculins une présomption de séropositivité, a-t-elle rappelé.
L’ouverture du don du sang aux HSH se fera en plusieurs étapes afin de garantir la sécurité sanitaire, a tout d’abord assuré la ministre, qui s’est appuyée sur les conclusions d’un groupe de travail réunissant, autour du directeur général de la santé, des associations, des experts et des opérateurs de l’Etat. La première étape, au printemps 2016, consiste dans la fin de l’exclusion permanente. Ainsi, le don de sang total sera ouvert aux homosexuels masculins à l’issue d’une période de contre-indication de 12 mois après la dernière relation sexuelle, « durée pour laquelle le niveau de sécurité transfusionnelle est le même que pour les donneurs actuels », ont indiqué les services de Marisol Touraine dans un communiqué. En outre, les hommes qui, au cours des quatre mois précédant le don, n’auront pas eu de relation sexuelle avec un homme ou auront eu un seul partenaire, pourront donner leur plasma grâce à la création d’une « filière sécurisée par quarantaine ». Concrètement, a expliqué la ministre, cela signifie « la congélation des dons, afin que les donneurs puissent à nouveau être testés une fois la “fenêtre sérologique” du VIH écoulée »(3). En fonction des résultats des études d’analyse des risques conduites à partir de ces premières mesures, une seconde étape consistera, environ un an plus tard, dans le rapprochement des durées d’ajournement du don applicables aux HSH et aux autres donneurs.
La mise en œuvre de ces mesures passe désormais par la modification de l’arrêté de 2009, l’élaboration d’un nouveau questionnaire d’entretien pré-don, l’amélioration de l’information des donneurs et le renforcement de la formation des professionnels effectuant la collecte de sang, a indiqué la ministre en appelant le groupe de travail à formuler des propositions concrètes en ce sens.
(1) Arrêté du 12 janvier 2009, NOR : SJSP0901086A, fixant les critères de sélection des donneurs de sang (J.O. du 18-01-09).
(3) On nomme « fenêtre sérologique » la période pendant laquelle les tests effectués sur une personne infectée ne font apparaître aucun signe d’infection.