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« Rendre l’action sociale lisible »

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Julien Damon : Professeur associé à Sciences Po. Collabore à cette rubrique depuis février 2011.

Les ASH sont nées la même année que quelques institutions françaises : Europe 1, la DS, l’avion Caravelle… 1955, c’est aussi la signature du pacte de Varsovie et James Dean précocement fauché. L’hebdomadaire paraît quand la France est juridiquement en état d’urgence – ce sont les événements d’Algérie –, alors que s’érigent les premiers grands ensembles et que la troisième semaine de congés payés est votée. Le droit de l’aide et de l’action sociales s’organise en complément de l’extension d’une sécurité sociale qui n’a encore que dix ans.

Le monde a bien changé depuis…Rappelons que le chômage, en 1955, n’était pas érigé en risque social (ce sera en 1958). Plus tard, en 1982, alors que les ASH n’avaient pas encore 30 ans, on a estimé que 60 devait être l’âge de la retraite. Cet âge canonique ne sera certainement pas celui du pot de départ pour l’hebdomadaire iconique du secteur social et médico-social. Durant six décennies, un logo et un fond bleu ont traversé les couvertures, en s’adaptant à la marge. Pour ses 40 bougies, en 1995, le journal avait offert une nouvelle maquette à ses lecteurs. A cette occasion, Jean-Marie Delarue insistait sur les deux dimensions, intégratrice et subversive, des politiques sociales, tout en soulignant l’entre-deux et la croisée des chemins où se trouvait l’action sociale.

Les termes employés il y a vingt ans pourraient être repris aujourd’hui afin de décrire ce qui semble, au fond, éternel dans l’intervention sociale : vouloir à la fois changer le monde et accompagner ceux qui ont du mal à s’y intégrer. A ce double effet, le droit s’est considérablement densifié et complexifié, cherchant à accompagner les mutations des univers professionnels et familiaux. Alors que l’essentiel des textes de l’action sociale ont longtemps relevé d’un code de la famille et de l’aide sociale (CFAS) – on notera le singulier de « famille » et la formule chapeau d’« aide sociale » –, les métiers des lecteurs des ASH sont couverts, depuis le début du millénaire, par un code de l’action sociale et des familles (CASF) – on notera, cette fois-ci, le pluriel de « familles ». On pourrait égrener et commenter les principales dispositions réformatrices de la période, notamment les plus récentes, aux premiers rangs desquels campent le revenu minimum d’insertion (RMI), la couverture maladie universelle (CMU) ou la contribution sociale généralisée (CSG). Mais l’essentiel est de relever la densification et la complexification de l’action sociale à partir de l’un des instruments proposés périodiquement par les ASH : l’« aide-mémoire du travailleur social ». D’une page au début des années 1990, il est passé aujourd’hui à quatre. Avant un passage, sans doute avant les 70 ans du journal, à cinq pages. La progression de cet aide-mémoire incarne l’évolution de l’action sociale et des ASH. Plus de pages pour rendre concrète, adaptée et à jour une action nécessairement plus compliquée. L’ensemble dans un souci de lisibilité, pour le lecteur bien entendu, mais aussi pour les destinataires de l’action sociale que nous sommes tous, à un moment ou à un autre de notre vie.

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