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« Pour ne pas disparaître, le Caferuis devrait être hissé au niveau I »

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Contraintes budgétaires, refonte de l’architecture des diplômes… Des menaces pèsent sur le Caferuis, alors qu’il devrait être au contraire valorisé, estime Sophonie Perard, présidente de la Fédération française de l’encadrement intermédiaire (FFEI).
Quelles sont vos préoccupations ?

Nous constatons que le Caferuis [certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention], qui atteste de compétences nécessaires pour gérer une unité d’intervention dans le champ social et médico-social, est menacé par des enjeux économiques : nous assistons à la mise en place de formations privées ou internes au management, à la création, notamment dans les petites structures, de postes de coordonnateurs occupés par des éducateurs spécialisés, à qui l’on demande d’assumer une fonction de cadre sans qu’ils en aient le statut. Ces systèmes moins coûteux sont en train de supplanter un diplôme inscrit au niveau II du RNCP [répertoire national des certifications professionnelles], qui a fait ses preuves et a évolué depuis dix ans. La situation ne devrait pas s’arranger avec la réforme de la formation professionnelle et sa déclinaison dans l’accord de la branche associative, sanitaire, sociale et médico-sociale, qui pourrait inciter les employeurs à privilégier des formations plus économiques. Parallèlement, les offres d’emploi des grosses structures mettent souvent les titulaires du Caferuis en concurrence avec ceux du Cafdes [certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service] et les diplômés en commerce ou en économie, faisant ainsi primer les besoins de gestion ou en compétences extérieures au travail social. Or délaisser le Caferuis reviendrait à priver les structures du secteur d’atouts importants pour leur évolution, car ce diplôme répond aux besoins spécifiques du management de proximité, en respectant les principes, les valeurs et l’éthique du travail social.

Selon l’observatoire d’Unifaf(1), le risque est de voir trop de professionnels formés…

Il est vrai que de plus en plus de diplômés ne trouvent pas de poste de chef de service. Mais la situation s’explique en partie parce que la porte d’entrée est trop large : nombre de personnes en recherche d’emploi sont attirées par la formation, et les candidatures sont ouvertes à des profils issus du travail social dont le niveau est inférieur au niveau III [avec une condition d’expérience, NDLR]. Mais la demande va se développer avec les mouvements de fusion ou de rapprochement d’associations, qui amènent les directeurs à déléguer des responsabilités aux chefs de service, lesquels conservent leur expertise sur l’accompagnement des usagers. Le Caferuis correspond à de nouvelles attentes dues à l’évolution de l’environnement de l’action sociale : selon les premiers résultats de l’étude sur l’insertion professionnelle des diplômés que nous réalisons, les personnes qui étaient déjà en emploi dans le secteur trouvent un poste d’encadrement intermédiaire sans difficulté !

Faut-il modifier les référentiels du diplôme ?

Le fait que le « manager du travail social » reste un métier mal défini, sans grande visibilité, a des incidences sur le contenu de la formation, qui mériterait d’être encore mieux positionné. Un chef de service n’apprend pas à répondre à un appel à projets, alors que, selon le décret de 2007 sur la qualification des directeurs, il peut diriger une structure de 50 salariés. Les référentiels devraient davantage insister sur la diversité des sources de financement, en particulier européennes. Les critères de sélection des candidats devraient être resserrés, pour mieux tenir compte du niveau universitaire requis et de la capacité à réaliser des missions d’encadrement de proximité, qui implique d’assurer un rôle d’intermédiaire entre les équipes pluridisciplinaires et la direction, et devrait être évaluée par un jury composé de plusieurs professionnels du travail social. Par ailleurs, le Caferuis doit être reconnu comme un diplôme pour sa dimension d’expertise technique. Ce certificat n’est reconnu ni au niveau universitaire, ni dans la fonction publique. Tandis que les diplômes d’éducateur spécialisé et d’assistant de service social pourraient accéder au niveau II, le Caferuis devrait, pour ne pas disparaître, être hissé au niveau I, à côté du Cafdes et du DEIS [diplôme d’Etat d’ingénierie sociale], chacun de ces diplômes correspondant à des besoins spécifiques.

Où en sont vos réflexions sur l’« exportation » du diplôme ?

Des collaborations se mettent en place avec des universités – en Espagne, en Italie, en Suisse, en Allemagne, en Belgique… – afin de permettre à des titulaires du Caferuis ou à des stagiaires, accompagnés de responsables de formation, d’aller intervenir sur la spécificité de leur formation, de partir en stage à l’étranger, et à des étudiants européens de venir découvrir la formation en France. Cette démarche vise à favoriser la création d’un diplôme similaire dans les pays où il n’existe pas de formation au management de proximité dans le secteur social, avec la perspective d’une reconnaissance européenne. Il s’agit aussi d’importer en France des ressources enseignées ailleurs et de favoriser la mobilité des étudiants et des salariés. L’enrichissement européen est toujours positif.

Notes

(1) Organisme paritaire collecteur agréé du secteur sanitaire, social et médico-social privé à but non lucratif.

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