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« L’alternance intégrative ne se réduit pas au stage »

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Evoquée dans le plan d’action pour le travail social, la diversification des modes de professionnalisation fait l’objet de travaux de l’Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis). Chantal Cornier, sa vice-présidente, en explique les objectifs.
En quoi consistent vos travaux ?

L’instruction interministérielle du 31 mars a ouvert la voie à la mise en œuvre d’autres modes de professionnalisation que le stage « classique », ce qui a suscité des craintes d’atteinte à la construction de l’identité professionnelle des travailleurs sociaux. Or nous considérons que le processus de l’alternance intégrative, la mise en cohérence des savoirs issus de situations professionnelles et des savoirs théoriques, ne se réduit pas au seul stage. L’étudiant doit avoir accès à d’autres modalités d’acquisition des compétences, pouvant prendre des formes différentes, validées dans un projet pédagogique. Il s’agit de savoir comment combiner tous les éléments – cognitifs, théoriques, techniques, issus de l’expérience… – qui constituent des compétences transférables dans un contexte et un territoire donnés, dans un environnement toujours en mouvement. Comment, aujourd’hui, construire une pédagogie qui permette d’intervenir avec une approche systémique des problématiques sociales et des besoins de la personne ? L’enjeu n’est pas de contourner la question de la gratification, mais de redonner aux étudiants, qui ont souvent des stages par défaut, la chance de bénéficier d’une approche professionnalisante ouverte, qui fait sens. Nous avons souhaité aller au-delà de l’instruction interministérielle en lançant une démarche de structuration des modalités de professionnalisation. Pour cela, nous avons entamé un recensement des expériences existantes en demandant à nos adhérents ce qu’ils avaient mis en place dans le cadre des parcours d’acquisition des compétences et qui pouvait s’apparenter à du temps de stage. A partir de là, nous allons de nouveau les solliciter à travers un appel à projets, avant de travailler à une modélisation des différents processus de professionnalisation identifiés.

Que montre cet état des lieux ?

Nous avons rassemblé plus de 50 fiches d’expériences provenant d’une douzaine de plateformes régionales Unaforis. Elles portent, par exemple, sur des projets de territoire, coconstruits avec des partenaires à partir de la demande d’une collectivité locale, avec l’encadrement méthodologique du centre de formation et incluant la participation des étudiants. Elles peuvent être aussi des formations in situ : pour les moniteurs-éducateurs, une activité de médiation éducative peut être créée au sein et avec des structures qui ont des besoins, et non en ateliers au centre de formation. Il peut aussi s’agir d’actions collectives et citoyennes engagées par les étudiants – qui ont d’ailleurs leurs propres ressources à valoriser –, de logiques de recherche-action, de projets collectifs ciblés sur une population ou débouchant sur une mobilité à l’étranger.

Faut-il repenser la place du site qualifiant ?

Si le stage long à responsabilité, nécessaire à l’acquisition de la culture professionnelle, a toujours sa place, l’alternance intégrative doit être conçue comme un processus de coconstruction de modes d’acquisition des compétences entre l’apprenant, le centre de formation et le lieu d’apprentissage. Elle implique un travail préalable et concerté sur les besoins du ou des sites qualifiants et de leurs publics, et sur les compétences attendues des futurs professionnels. En participant à la production de savoirs, le site qualifiant nourrit la formation initiale. Ce que les étudiants ont à apprendre directement des personnes concernées fait aussi partie de la professionnalisation. C’est une pédagogie qui coûte, au sens où elle requiert du temps, de l’investissement. Cette coresponsabilité doit aussi se traduire dans la place des sites qualifiants au sein des instances de gouvernance des centres de formation, comme les conseils pédagogiques.

Quelles seraient les incidences pour la certification ?

Abordé dans le plan d’action pour le travail social, le sujet fait partie de l’évaluation des politiques de certification prévue par la revue des missions de l’Etat. Il s’agit de réfléchir à une simplification et à une harmonisation en instaurant, par exemple, pour les diplômes post-bac une validation des semestres fondée sur du contrôle continu qui pourrait valoriser les travaux liés à l’alternance. Aujourd’hui, les stages ne sont pas assez pris en compte. On pourrait estimer que le travail réalisé sur le terrain peut compter pour une part de coefficient dans les notes. Les parcours optionnels pourraient être construits avec les sites qualifiants.

Comment comptez-vous généraliser ces démarches ?

Ce projet va être mené jusqu’à la fin 2016 et fera l’objet d’un bilan d’étape au début de l’année prochaine. Après cette phase de capitalisation, l’objectif est d’essaimer. Il s’inscrit pleinement dans les propositions du plan d’action pour le travail social. Mais un nouveau texte réglementaire ne pourrait être un levier à lui seul. Il faudra un travail dans la durée et de la confiance entre les acteurs.

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