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Experte du quotidien

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Responsable pédagogique des formations CESF et TISF à l’IRTS de Franche-Comté, Agnès Fostel a obtenu en 1983 le BTS économie sociale et familiale au lycée Hyacinthe-Friant de Poligny (Jura) puis, l’année suivante, le diplôme d’Etat de CESF au lycée Jean-Rostand de Strasbourg.

« On m’a longtemps demandé pourquoi je m’étais engagée dans un cursus de trois ans pour apprendre la gestion du quotidien, se souvient Agnès Fostel, conseillère en économie sociale et familiale (CESF) diplômée en 1984. Mais c’était avant que la profession soit reconnue pour ses qualités en termes de méthodologie de projet et qu’elle soit intégrée dans les grilles de la fonction publique territoriale au même grade que les assistantes de service social ou les éducateurs spécialisés. »

Une promo 1983 toujours en contact

Cette fille d’enseignante ménagère a choisi sa carrière à l’issue de son bac, en 1981. Le brevet de technicien supérieur (BTS) économie sociale et familiale avait été créé en 1969 et le diplôme d’Etat de conseiller en économie sociale et familiale (DECESF), en 1973. L’ensemble du cursus venait d’être réformé en 1978. « Je souhaitais travailler avec les autres, se souvient Agnès Fostel. Je m’intéressais aux carrières d’assistante sociale et d’éducateur spécialisé, les diplômes de travailleurs sociaux les plus connus. » Sa rencontre avec un conseiller d’orientation lui fait découvrir une profession plus en adéquation avec son intérêt pour la biologie, la chimie et l’approche scientifique et technique suivie durant sa terminale D. « Un métier concret qui consistait à transmettre des connaissances de base, utiles dans la vie et l’organisation de tous les jours, c’était parfait pour moi, résume Agnès Fostel. En outre, ce diplôme pouvait me permettre de m’orienter soit vers l’enseignement, soit vers le travail social. » Un cursus relativement court (trois ans), parfaitement adapté à cette jeune femme qui souhaitait entrer rapidement dans la vie active.

Sélectionnée sur dossier pour entrer en BTS économie sociale et familiale au lycée Hyacinthe-Friant de Poligny, dans le Jura – établissement que Julie Gillet intégrera dix ans plus tard (voir ce numéro, page 38) –, Agnès n’a conservé que de bons souvenirs de ses années de formation. « Nous étions une promotion très soudée. Nous venons d’ailleurs de fêter toutes ensemble nos 30 ans de diplôme, et nous nous revoyons régulièrement. » Aujourd’hui encore, la CESF entretient des liens avec ses professeurs de l’époque. Côté enseignements, la psychologie, l’économie du logement, la cuisine, la couture et les cours de puériculture lui plaisent tout particulièrement. « On nous a vraiment appris à être sur des gestes de bon sens : faire des économies d’énergie, réutiliser les restes, diffuser l’hygiène et la prévention au quotidien. Mais ce sont surtout les professeurs qui m’ont marquée, leur manière de transmettre. Avec l’un d’eux, par exemple, nous avions créé une chanson sur l’aspirateur, afin de comprendre son fonctionnement, son entretien, etc. Je l’ai oubliée aujourd’hui, mais pas son contenu. » Un stage est également inclus dans la première partie du cursus, qui portera finalement sur l’accompagnement au planning familial.

Son BTS en poche, la jeune femme enchaîne directement en troisième année, dans un lycée public de Strasbourg, afin d’obtenir le diplôme de CESF. « Nous n’étions que quatre ou cinq à poursuivre dans cette voie, sur une promotion de 24, note Agnès Fostel. Les autres se sont engagés directement dans des postes d’instituteurs, de professeurs d’éducation manuelle et technique, de biologie, voire de physique-chimie… » L’enseignement y est marqué par l’apprentissage de l’accompagnement individuel ou collectif. « Il s’agissait de nous préparer à travailler avec les personnes sur leurs habitudes de vie, de consommation, la gestion de leurs ressources et l’évaluation de leurs besoins, sans se positionner comme le sachant qui diffuse un savoir. Le diplôme d’Etat m’a appris à tenir compte de l’autre tout en ayant une approche très collective. Et ces deux axes ont ensuite persisté tout au long de ma carrière. » Durant cette troisième année de formation, l’apprentie CESF effectue un stage au centre communal d’action sociale (CCAS) de Besançon, où elle contribue à animer pour des familles en difficulté sociale des ateliers collectifs autour de la couture, de l’accompagnement éducatif budgétaire, de la cuisine. « Nous faisions du Jean-Pierre Coffe avant l’heure », plaisante-t-elle aujourd’hui. Elle se souvient encore du travail élaboré autour de l’usage des appareils ménagers. « Il y avait, à l’époque, beaucoup de démarchage à domicile et les femmes achetaient beaucoup d’appareils, avec parfois des fonctions redondantes parce qu’elles ne savaient pas utiliser pleinement ceux qu’elles possédaient déjà. » Elle rédige également un mémoire sur l’insertion sociale et scolaire des enfants déficients auditifs. L’année se conclura sur des épreuves écrites et orales pour l’obtention du diplôme d’Etat. Celles-ci comportaient également la confection d’un objet en tissu (l’option choisie par Agnès Fostel), la préparation d’un repas familial, une mise en situation sociale et la présentation de divers dossiers, rapports de stages et mémoire. « J’appréhendais un peu plus les épreuves écrites, en raison du temps limité, mais j’étais sereine car je savais que j’avais bossé de manière assidue tout au long de ces trois années. »

Toucher à tous les domaines du quotidien

Une fois diplômée, la nouvelle CESF commencera par enseigner l’éducation manuelle et technique en collège. « Nous avions été bien formées, car nos enseignements touchaient à tous les domaines de la vie quotidienne, résume Agnès Fostel. Dans ce premier poste, j’ai pu utiliser mes compétences pour qu’elles s’articulent avec les apprentissages théoriques de l’enseignement général. J’ai beaucoup travaillé en collaboration avec les autres professeurs, par exemple en utilisant dans mes propres cours, de manière ludique, des notions de mathématiques ou de chimie. »

Lorsqu’elle suit son mari en région parisienne, elle décroche un poste dans le centre social d’une ville nouvelle à proximité d’Orly. « Ce fut une véritable opportunité de travailler dans un nouveau contexte à créer du lien social, se souvient-elle. Là, j’ai œuvré auprès de publics très variés, depuis les épouses qui avaient quitté leur emploi pour élever leurs enfants, les femmes de pilotes, jusqu’aux femmes immigrées en situation économique plus précaire. J’ai tout naturellement repris ce que j’avais expérimenté au CCAS de Besançon. » Plus tard, employée par une caisse de retraite, elle adapte ses compétences et les redéploie dans la gestion du budget domestique, dans un objectif de maintien à domicile. Jusqu’à s’engager dans la formation de travailleurs sociaux.

« J’ai été formée à devenir une experte de la vie quotidienne, avec une approche extrêmement pragmatique et rigoureuse, conclut Agnès Fostel. Depuis la réforme de 2009, je regrette que le BTS ait un peu perdu de ce côté pratique, alors qu’on parle de plus en plus de développement durable. Notre profession est au cœur de cela. »

60 ans de formations sociales

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