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Au rythme de l’apprenti

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Responsable du service jeunesse à Montastruc, dans le Lot-et-Garonne, Kevin Eymer a obtenu son diplôme d’éducateur spécialisé en 2011 à l’Institut Saint-Simon d’Albi.

« On a tendance à s’en défendre, mais la formation d’éducateur spécialisé agit sur les personnes qui la suivent, notamment en ce qui concerne la manière d’approcher les individus », résume Kevin Eymer, éducateur spécialisé diplômé en juin 2011. Pourtant, avant de s’engager dans ce cursus à l’automne 2008, ce jeune homme témoignait d’une expérience non négligeable, grâce à un contrat d’apprentissage. Titulaire, depuis ses 17 ans, du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA), il était animateur socioculturel en centre de loisirs et de séjour. « Puis, après le bac, je suis entré en histoire à l’université, poursuit-il, tout en orientant mes activités d’animation vers l’accompagnement de séjours adaptés. Entre 12 et 14 heures ainsi que le soir, je travaillais dans un accueil de loisirs associé à l’école. » De plus en plus investi dans l’animation, Kevin décide de suivre ses études par correspondance et de combiner ses fonctions d’animation avec la mission de directeur adjoint d’un centre de loisirs pendant les vacances et les week-ends. « Je suis allé jusqu’à cumuler trois emplois, puis j’ai rencontré le chef de service de l’IME [institut médico-éducatif] d’Albi, qui m’a d’abord proposé des remplacements, avant de m’engager en contrat d’apprentissage comme éducateur. »

Il n’en faudra pas plus pour que Kevin abandonne finalement son cursus universitaire d’histoire. « Depuis tout petit, j’avais envie d’enseigner, d’être instituteur ou professeur d’histoire. Puis il y a eu la rencontre avec le handicap, en animation, juste après le bac. Mais au fil des années, j’avais senti qu’il me manquait des outils pour accompagner vraiment ces jeunes publics. J’avais besoin d’une formation de fond. » Avant d’être engagé à l’IME, le jeune homme avait déjà tenté les épreuves de sélection à l’entrée de la formation d’éducateur spécialisé. « La première fois, j’étais admissible, mais j’avais échoué aux oraux. » Il se représente l’année suivante, embauché, mais sans savoir qu’il a droit à une voie d’accès spécifique, compte tenu de son statut d’apprenti : « Il me suffisait en fait d’être admissible aux épreuves écrites. Je n’en avais pas été informé. »

Son cursus sera semblable à celui de ses camarades de promotion entrés en voie directe. « La première année, je n’étais pas souvent à l’IME, se souvient Kevin. Il m’arrivait quand même de sortir de cours à 17 heures et de filer à l’internat jusqu’à 23 heures. Et puis je travaillais pendant les vacances, ce qui reste un rythme assez exigeant. » Les écrits à rendre sont les mêmes que ceux des autres étudiants, et l’apprenti ne bénéficie d’aucun délai supplémentaire. En dépit de ce statut différent, Kevin juge positivement la cohésion de sa promotion. « En début d’année, on nous avait fait travailler cela de manière un peu festive, au moyen de quelques journées d’intégration. »

L’acquisition d’outils utiles à la pratique

En formation théorique, l’étudiant apprécie particulièrement le travail avec les outils de médiation. « Nous avons eu des ateliers utilisant l’écriture, le conte, le théâtre. En tant qu’ancien animateur, j’ai forcément adhéré. » Les modules consacrés aux courants pédagogiques, proposés en première année, le séduisent également. « En fait, cet enseignement permet de se construire soi-même, en se faisant sa propre idée sur chacun des courants proposés, observe l’éducateur spécialisé. Alors que d’autres m’ont laissé l’impression de nous formater, comme la psychanalyse de groupe, à laquelle je n’ai pas du tout accroché… » Davantage intéressé par les approches sociologiques, il se constitue néanmoins le socle de connaissances qui lui manquait jusqu’alors. « Globalement, ce qui m’a plu est surtout le cheminement dans l’acquisition d’outils utiles à la pratique. »

Du côté des stages, les deux premières années seront l’occasion pour Kevin Eymer de découvrir de nouveaux publics. Son stage d’observation se déroule dans le foyer d’un établissement et service d’aide par le travail (ESAT), un public adulte avec lequel il n’a jamais travaillé. Puis, en deuxième année, il découvre un service de prévention de la protection de l’enfance. « Là, j’ai apprécié la mise en application des approches théoriques que nous avions explorées en cours et l’aspect développement social local. » Pour la troisième année, le stage sera finalement remplacé par neuf mois chez son employeur. Le sujet du mémoire de Kevin sera également relié à son lieu de travail. « Il concernait la question du temps de repas en collectivité le midi et de sa qualité nutritionnelle, se souvient-il. Mais clairement les enseignements m’ont davantage passionné que le travail sur le mémoire. » Les épreuves de fin d’année se passent bien, sans stress excessif, avec des résultats remarqués pour l’écrit, qui concernait le travail en partenariat. En effet, compte tenu de son expérience, l’apprenti connaît bien son sujet !

Une préférence pour le milieu ouvert

Une fois diplômé, Kevin n’est pas resté à l’IME. « Le poste qui m’était promis s’était transformé en poste à mi-temps, et je ne me voyais pas continuer à cumuler les emplois comme je l’avais fait auparavant. Signer à temps partiel en contrat à durée indéterminée, ce n’était pas envisageable pour moi. » Inscrit au chômage, il se voit surtout proposer des postes de remplacement ou des contrats de courte durée. Il commence par intégrer une maison d’enfants à caractère social (MECS). « Mais c’était dans le Gers, trop éloigné de mon domicile. Et je me questionnais beaucoup sur le fonctionnement de l’internat. » Bref, le poste ne le séduit pas. « En fait, au fil des stages, j’avais constaté que j’étais bien plus épanoui en milieu ouvert. J’ai longuement expérimenté l’internat et, à moins de tomber sur un établissement très ouvert sur l’extérieur, je n’adhère pas vraiment à cette approche. »

L’hiver suivant, Kevin renoue avec la direction de séjours de vacances. Puis il trouve enfin le poste qui lui convient, huit mois après l’obtention de son diplôme d’Etat. « Je suis devenu responsable d’un service jeunesse, ce qui me permet de combiner les compétences acquises dans les deux domaines que j’ai fréquentés jusqu’ici, et issues autant de mon expérience que de ma formation théorique : le socioculturel et le médico-social. » Bref, un parcours à la carte pour un projet bien pensé.

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