Un auteur en manque d’inspiration, une chanson qui évoque le manque d’eau potable, des dialogues délirants tapés à la machine à écrire… soit quelques-uns des éléments qui traversent Monologues, bilogues, trilogues, une pièce écrite par Jean-Michel Ribes il y a une vingtaine d’années. En 2014, la troupe de théâtre L’Envol partait en mini-tournée vendéenne avec une adaptation de ce texte loufoque, sous le titre La clarté et autres bilogues. Sur scène, dix comédiens, tous handicapés psychiques ou mentaux. En effet, L’Envol est une troupe composée de résidents (les acteurs) et d’éducateurs (les encadrants techniques) du centre d’habitat Haute-Roche de l’Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés (Adapei) de Vendée, à Fontenay-le-Comte. Pour leur premier long métrage documentaire (La clarté), deux jeunes réalisateurs, Elodie Faria et Rémy Ratynska, ont eu l’envie de filmer le processus de création de cette comédie. Pendant trois ans, ils ont suivi la fine équipe, depuis les premières répétitions jusqu’au soir de la première. Les comédiens, d’abord fascinés par la caméra, s’habituent peu à peu à sa présence. Ils se prêtent volontiers aux interviews des documentaristes, qui questionnent chacun d’eux sur ses motivations, son plaisir à jouer et les difficultés qu’il rencontre. Tous disent ainsi avoir du mal à retenir les dialogues et expliquent leurs techniques d’apprentissage. Ce qu’ils préfèrent dans le théâtre ? Le public – et plus précisément, pour Adrien, « que ma maman vienne me voir ». Quand Yann souhaite monter sur scène jusqu’à ce qu’il soit « un petit vieux », Christophe est déjà lassé et souhaite arrêter le théâtre, car il a, dit-il, mieux à faire de ses soirées. Tourné en noir et blanc (la couleur n’apparaît qu’au lever de rideau de la générale, aboutissement de nombreux mois de travail), le reportage est rempli de séquences incongrues. Malgré leur diction imparfaite et le peu de compréhension qu’ils semblent avoir du texte, les membres de l’atelier théâtral proposent une version hilarante du texte de Ribes, fondée sur le déplacement dans l’espace, la gestuelle et l’expression corporelle. La clarté a reçu le prix de la Première œuvre au 35e Festival du film audiovisuel régional de Lille.
La clarté
Elodie Faria et Rémy Ratynska – 1 h 20 – En salles le 4 novembre – Pour organiser une projection-débat :