Le vrai du faux

Implantée à Pantin (Seine-Saint-Denis) dans la maison de quartier des Courtillières, l’association Les Engraineurs organise depuis 1998 des ateliers d’écriture et de réalisation audiovisuelle auxquels participent des enfants et des adolescents. Monteur de formation, Jérôme Polidor est depuis quinze ans l’un des intervenants de l’association. Avec plusieurs participants de l’atelier, il a coécrit le scénario de Merci les jeunes !, long métrage qui sort en salles, notamment grâce au soutien de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSé). Merci les jeunes !, c’est l’histoire de Quartier TV, chaîne de télé d’une cité située dans la ville fictive de Mines-sur-Ourcq et pour laquelle travaillent Leila, Nadia, Farid et Souleymane, supervisés par Mathieu et Romuald. Les uns se plongent dans des enquêtes au long cours pour combattre les clichés sur la banlieue, les autres rêvent de devenir des stars en réalisant des clips de rap. Cette joyeuse bande ne s’entend donc pas toujours sur la ligne éditoriale – plutôt Arte ou D8 ? –, ni sur les objectifs de l’association, encore moins sur la façon d’utiliser les subventions attribuées par l’Etat après les émeutes de 2005. Discussions, compromis, conflits seront au cœur de cette comédie… Avec cette mise en abyme, Jérôme Polidor et son équipe ont choisi de brouiller les pistes. Le réalisateur assure que « ce n’est pas un film autobiographique, ce n’est pas une histoire vraie, mais c’est une vraie histoire ». Il s’est inspiré de la vie des Engraineurs, mais aussi « de bien d’autres choses », parsemant son œuvre d’extraits d’émissions et de journaux télévisés. Reste que le long métrage a été réalisé dans « des conditions associatives proches de celles évoquées dans le film », affirme Jérôme Polidor. Malgré le talent des acteurs et le professionnalisme de la troupe, les tournages « gigognes » rendent Merci les jeunes ! – par ailleurs débordant d’humour et de satire – quelque peu confus pour qui n’est pas familier du travail des Engraineurs.