En marges du Rhin

Pour promouvoir l’ouverture à l’interculturel des 16-25 ans défavorisés issus de l’immigration, l’Office franco-allemand pour la jeunesse a lancé, en 2006, un programme d’échanges de jeunes entre organismes français et allemands qui luttent contre leur exclusion. En France, ces projets sont portés par les missions locales, centres sociaux, associations de quartier et établissements scolaires. En Allemagne, ils sont développés par une grande diversité d’organismes, qui se rattachent soit à l’action sociale, soit aux interventions socio-éducatives et de loisirs relevant du champ dit du « travail de jeunesse ». Fruit du groupe de recherche chargé d’évaluer ce programme et coordonné, comme ce dernier, par le Français Ahmed Boubeker, professeur de sociologie et démographe, et Markus Ottersbach, sociologue allemand, cet ouvrage réunit des contributions sur la situation respective des jeunes marginalisés dans les deux pays. Il revient aussi, évidemment, sur l’intérêt des rencontres qui ont eu lieu dans le cadre des échanges du réseau « Diversité et participation ». Le sociologue Thomas Pierre note en particulier la « mobilité intérieure » déclenchée chez les jeunes par leur expérience de mobilité internationale, qui se traduit par une reprise de confiance en eux. Mais « ce n’est pas seulement la jeunesse qui se forme par les voyages », soulignent Ahmed Boubeker et Markus Ottersbach, c’est aussi la recherche qui a besoin de « sortir de ses cadres nationaux et d’un certain nationalisme méthodologique ». A cet égard, Ahmed Boubeker pointe, en France, l’incapacité de regarder en face la dimension ethnique des inégalités sociales.