Le Centre Primo-Levi, qui soigne et accompagne des personnes victimes de la violence politique et de la torture venues trouver refuge en France, souligne, en réaction au rapport de la Cour des comptes qui déplore le nombre insuffisant de déboutés de la demande d’asile éloignés du territoire (voir ce numéro, page 13), que parmi ce public « se trouvent des personnes qui ont été torturées ».
Sa directrice, Eléonore Morel, fait remarquer que « 20 à 40 % des patients sont déboutés et risquent à tout moment d’être renvoyés dans leur pays ». Outre, du fait de leurs traumatismes, la difficulté à fournir un récit reflétant leur expérience, ces exilés sont confrontés à une procédure « loin d’être infaillible, tout simplement parce qu’elle repose sur l’intime conviction des hommes et des femmes en charge de l’examen des demandes ». L’instruction de la demande à l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) « se fait sur un unique entretien d’une heure en moyenne, doublé en cas de recours à la CNDA d’une audience de moins d’une heure, sachant que le temps de parole du demandeur est encore réduit si la présence (indispensable) d’un interprète est requise », pointe l’association.