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Des « états généraux alternatifs » du travail social sur la rampe de lancement

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Quelques jours avant la présentation du plan d’action ministériel sur le travail social, près de 200 professionnels, formateurs et étudiants se sont réunis à Paris pour lancer une mobilisation visant à repenser une « doctrine » pour le travail social.

Ce devrait être le début d’un processus. Le 16 octobre à Paris, quelque 200 travailleurs sociaux, formateurs et étudiants venus de la région parisienne, du Nord-Pas-de-Calais, des Bouches-du-Rhône, du Rhône ou d’Indre-et-Loire se sont réunis pour lancer les « états généraux alternatifs » du travail social, à l’initiative d’une intersyndicale – la CGT, la FSU, Solidaires, la Fédération autonome de la fonction publique –, du collectif Avenir éducs et de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). Une mobilisation qui s’est construite en réaction au déroulement des « états généraux du travail social » du gouvernement, dont le « plan d’action » a été présenté le 21 octobre en conseil des ministres (voir ce numéro, page 5). Mais, au-delà des propositions qui ont provoqué des contestations depuis plusieurs mois – sur la réforme des diplômes en premier lieu –, les participants ont d’abord souhaité ouvrir un espace de parole sur le sens de leurs missions et leurs conditions d’exercice.

A travers trois ateliers sur les questions des métiers, des statuts et des conventions collectives, de la décentralisation et des frontières entre travail social, intervention sociale et lien social, ils ont débattu de leurs inquiétudes communes sur les restrictions et logiques de rationalisation budgétaires, les atteintes aux pratiques du travail social et leurs conséquences sur les publics. Non pas pour affirmer « qu’avant, c’était mieux », a insisté un formateur de Lille, mais pour « créer un espace commun » de réflexion et « repenser le travail social dans sa dimension politique, non pas comme une tâche administrative et technique », précise Hervé Heurtebize, secrétaire national du Snuclias (Union nationale des syndicats unitaires des agents des collectivités locales, du ministère de l’Intérieur et du ministère des Affaires sociales)-FSU. Dans le prolongement de la lettre ouverte intitulée « Défendre les métiers sociaux », rendue publique en juin dernier, en soutien au collectif Avenir éducs et signée par près de 40 professionnels, enseignants universitaires, chercheurs et formateurs, dont Michel Chauvière, Michel Autès, Bertrand Ravon, Joseph Rouzel, Roland Gori ou Laurent Mucchielli(1), les professionnels mobilisés pourraient donc reprendre à leur compte l’idée de « penser collectivement et de manière démocratique une doctrine du travail social », selon les termes de Jean-Sébastien Alix, sociologue et formateur à l’IUT de Lille, l’un des premiers signataires de la lettre ouverte. D’autant que la crainte de voir le travail social refondé principalement par « des retouches techniciennes » rejoint une autre inquiétude : « Nous assistons à un vrai virage libéral, à un hold-up de nos valeurs » par le secteur marchand, relève Gabrielle Garrigues, porte-parole du collectif Avenir éducs, selon qui il est urgent de « définir ce qu’est le travail social, et ce qui n’en est pas ».

Foisonnement d’initiatives

Les initiateurs de la démarche, qui rappelle celle de « 7,8,9 – Vers les états généraux du social », il y a maintenant plus de dix ans, se donnent plusieurs mois pour aboutir et espèrent même un engagement de plus long terme. Il souhaitent faire émerger des « états généraux alternatifs » dans les départements, en encourageant les actions nouvelles ou ensoutenant les mobilisations existantes, et les rassembler sur « une carte interactive » sur le net. Les initiatives sont nombreuses, « sur les jeunes majeurs, le secret professionnel, les services qui ferment… », souligne Hervé Heutebize. Le 26 novembre à Lille, un collectif de formateurs et des représentants de l’intersyndicale organisent un débat sur « la financiarisation »du social. Des échanges pourraient aussi avoir lieu, comme à Lyon à l’initiative de la CGT, sur la réforme territoriale et les incidences de la mise en place des métropoles. Dans la Seine-Saint-Denis, SUD est à l’origine de la préparation d’un mouvement interprofessionnel de défense du travail social. « D’autres actions vont naître à partir de réalités locales. Ce qui compte, c’est la dynamique, qui est ouverte, prête à accueillir d’autres syndicats et les organisations professionnelles », explique Alain Dru, coordonnateur de la CGT pour le travail social.

L’idée a également été évoquée d’une journée nationale en janvier et d’un festival du travail social en mai. « L’objectif est que cette mobilisation soit fédératrice et permette de créer du réseau dans les territoires », résume Christine Sovrano, formatrice et membre du collectif « travail social » de la CGT. A condition que le mouvement, s’il prend de l’ampleur, ne s’essouffle pas.

Notes

(1) Voir ASH n° 2916 du 26-06-15, p. 15.

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