Présentée le 8 octobre dans le cadre d’un colloque, une étude prospective intitulée « Travail, handicap et entreprises 2025 »(1) tente de dégager « les champs des possibles » pour l’emploi des personnes handicapées à cet horizon, en présentant plusieurs « scénarios réalistes » d’évolution. Menée à l’initiative de l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (L’adapt) et du groupe Société générale, cette enquête a été pilotée par le Groupe d’études ressources prospective (GERPA), le magazine spécialisé Handirect et l’agence de communication Les Jardins de la cité, avec le soutien du Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) et de plusieurs entreprises.
Dans le cadre de cette démarche, présentée comme la « première étude prospective de cette ampleur réalisée en France sur cette thématique », avec la participation d’un grand nombre d’acteurs (responsables de missions handicap, dirigeants et cadres d’association, chefs d’établissement, experts, cadres de collectivités locales, responsables de Cap emploi, personnes en situation de handicap…), ont été élaborés plusieurs scénarios alternatifs tournant autour d’un « scénario pivot », jugé le « plus probable » par les groupes de travail.
Ce scénario central est en effet construit autour des dynamiques actuellement en vigueur, « qui mettent au cœur de l’insertion professionnelle la formation initiale et continue ». Dans un contexte marqué par les difficultés économiques et de fortes contraintes budgétaires, les moyens sont concentrés sur les publics les plus éloignés de l’emploi, en l’occurrence, pour les personnes en situation de handicap, via les établissements et services d’aide par le travail (ESAT) et les entreprises adaptés (EA). Dans ce schéma, d’ici à 2025, « le taux d’activité des personnes handicapées progresse de façon sensible pour s’établir à 55 % (+ 10 points), mais le taux de chômage reste cependant élevé ». Une hypothèse assortie de deux variantes : l’une pessimiste et l’autre optimiste. Quant aux trois scénarios alternatifs, ils sont envisagés en fonction de différents degrés d’évolution de la société vers une plus grande prise en compte de la diversité, mais aussi d’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail, d’adaptation des institutions et des entreprises, etc.
En outre, au regard de l’ensemble des analyses prospectives produites au cours de cette étude, 13 défis sont identifiés comme des « leviers essentiels » pour développer l’emploi des personnes handicapées, parmi lesquel quatre sont qualifiés de prioritaires. Le premier à relever est celui de la formation professionnelle, tandis qu’un autre consiste à placer les ESAT et les EA « au cœur des changements en faveur de l’emploi des personnes handicapées ». De fait, « l’Etat et les grandes associations gestionnaires devront, dans les prochaines années, engager d’importants efforts de conduite du changement au sein de ces structures et dans leur gouvernance pour favoriser l’innovation, l’ouverture vers l’extérieur, l’évolution de leurs champs d’actions, de leurs activités », notent les auteurs de cette restitution.
Les deux autres défis « prioritaires » reposent sur l’intégration de la question du développement de l’emploi des personnes handicapées (conseils, formations…) dans les programmes d’actions en direction des petites et moyennes entreprises (PME) et sur l’augmentation de la part des jeunes handicapés à l’université et dans les lycées d’enseignement général, qui « est la prochaine frontière à franchir pour l’Education nationale ».
Enfin, parmi les autres tendances à prendre en compte pour favoriser l’emploi des personnes handicapées, l’étude insiste sur l’élargissement – probable – de la reconnaissance du handicap, qui imposera une révolution en profondeur des politiques conduites en direction de ces publics, ou encore sur l’intégration de « l’autoreprésentation des personnes handicapées » dans l’élaboration des futures politiques.
(1) Disponible prochainement sur