Ce texte était en préparation depuis quelques années : nous avions commencé à le rédiger lorsque Marie-Arlette Carlotti était ministre déléguée aux personnes handicapées et nous l’avons ensuite soumis au cabinet de Ségolène Neuville, qui l’a légèrement modifié. L’un de ses objectifs est de mettre en place des actions de formation des professionnels de l’Education nationale, afin de les aider à accueillir les enfants autistes dans leurs classes. Les chiffres disponibles sont très relatifs puisque seulement environ 20 % des enfants autistes seraient scolarisés, alors que beaucoup d’enfants qui souffrent d’autisme ne sont pas diagnostiqués. Les enseignants n’ont aucune formation initiale à ce trouble et sont démunis face à un élève qui en présente les particularités.
A travers cette convention conclue pour cinq ans, les trois parties s’engagent à collaborer pour permettre à ces élèves d’aller à l’école ordinaire. Notre association s’engage à former les professionnels de l’Education nationale à la connaissance de ce trouble et à la prise en compte des interventions éducatives recommandées par la Haute Autorité de santé. L’objectif est aussi d’améliorer leur parcours scolaire en facilitant la coopération entre les services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) et les professionnels de l’Education nationale. Cette coordination concerne également l’ensemble du secteur médico-social ainsi que les acteurs de l’emploi, pour accompagner les jeunes dans la durée et favoriser l’insertion professionnelle.
Pour élaborer ce document, nous avons observé les actions menées sur certains territoires et pour lesquelles nos associations adhérentes jouent un rôle moteur. Ainsi, certaines organisent des formations de sensibilisation à l’autisme à destination des enseignants et ont parfois déjà signé une convention avec les directeurs académiques des services de l’Education nationale (DASEN, ex-inspections académiques). Dans le département du Lot, une association de parents a même été intégrée, par les services de l’Education nationale, à la réflexion sur l’orientation des enfants en unités localisées pour l’inclusion scolaire. Dans la Loire, une maîtresse itinérante spécialisée « autisme » se déplace à la demande des enseignants pour des situations individuelles. Mais si certaines académies sont très investies – Lyon est exemplaire en matière de formation notamment –, il y a encore beaucoup de résistance, et certains territoires sont toujours noyautés par la psychanalyse qui ne reconnaît pas l’autisme comme un trouble neurodéveloppemental.
Nous allons inviter nos associations adhérentes à présenter ce document aux DASEN. Des conventions locales doivent ensuite être adaptées et conclues entre les partenaires d’un territoire. Le principal frein est qu’aucun dispositif financier n’est associé à la convention-cadre. C’est donc aux acteurs locaux (DASEN, associations, ARS…) de débloquer des subventions.
Dans un an, nous dresserons un premier bilan de l’ensemble des actions menées. Cette analyse doit permettre de valoriser les dispositifs existants et d’en déterminer le coût. L’objectif est de faire porter les initiatives innovantes par l’Education nationale. Au minimum, nous souhaitons transmettre aux enseignants un regard actualisé et bienveillant sur l’autisme. A terme, nous aimerions que cette démarche aboutisse à la constitution d’un réseau de personnes ressources financé par l’Education nationale, qui puisse former les enseignants et intervenir en soutien éducatif ponctuellement. Il existe des initiatives privées, comme le réseau Epsilon parti de Haute-Savoie, qui forme les parents et les professionnels aux adaptations pédagogiques nécessaires. Il est temps que les autorités de tutelles prennent le relais !
(1) En juin 2013, la Fédération des APAJH avait également signé une convention-cadre avec le ministre de l’Education nationale et la ministre chargée des personnes handicapées de l’époque.