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Immersion en appartement thérapeutique

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Il est rare, dans un roman destiné au grand public – ici, un pavé de plus de 700 pages –, de trouver les sigles ARS (agence régionale de santé), ASE (aide sociale à l’enfance) ou ASH (agent de service hospitalier). Sauf quand l’action se déroule dans un appartement thérapeutique rattaché à un hôpital psychiatrique qui accueille des adolescents « dont personne ne veut » : Thierry, Romuald, Aurélie, Frédéric, Roberto et les autres. Le présent infini s’arrête est une œuvre d’immersion dans laquelle il est question de violence, de symptômes, de selles, de sexe et de pulsions. Ce n’est pas pour autant un livre sur la maladie ou l’enfermement, mais plutôt une sorte de document sur le métier, éprouvant, d’infirmière en psychiatrie. Tout est lié, comme l’écrit l’auteure, Mary Dorsan : « Patients et soignants savent qu’ils souffrent ensemble de se connaître, de se fréquenter, de se lier, de se délier, de s’aimer ou de se haïr. » Rédigé sous pseudonyme, ce premier « roman » est la chronique de son quotidien, a priori rebutant, qu’elle écrit comme un journal dans lequel elle « déverse ses excès d’intérêt pour la vie de cet appartement ».

Se cachant derrière un alter ego – Caroline –, l’infirmière n’épargne aucun détail et raconte « la souffrance de ces jeunes, la difficulté de les soigner, de les accompagner ou tout simplement de rester là, avec eux ». Elle raconte la violence banale. Parmi les centaines d’anecdotes, on retient celle de Roberto, le jour où il fracasse le miroir de la salle de bains des garçons, et celle de Romuald, qui use de sa carrure et de son attitude inquiétante pour intimider un soignant en exigeant une cigarette. La narratrice décrit aussi les rares moments de « respiration » que sont les sorties en ville ou l’entretien d’une parcelle où les résidents font pousser des fraises.

Caroline travaille à l’appartement depuis cinq ans. Une éternité, dans un service où le turnover est constant. Envers et contre tout, elle reste. Pourtant, rappelle-t-elle, chaque jour de travail – qui commence par une réunion à 11 heures et se termine à 21 h 15 par les transmissions avec l’équipe de nuit –, elle passe dix heures à « se motiver, persuader, encourager, rassurer, réconforter, apaiser, expliquer, négocier, parlementer, discuter, distraire, plaider, séparer, contenir, interdire, répéter, capituler, recommencer […]. A être exaspérée, frustrée, épuisée, inspirée, exaltée, euphorique, idéaliste, fière. A se redonner du courage et de l’envie ».

Le présent infini s’arrête

Mary Dorsan – Ed. POL – 24,90 €

Culture

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