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Comme un sportif de haut niveau

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Jean n’est ni éducateur spécialisé ni soignant, il n’a ni le BAFA ni même son diplôme de secourisme, et pourtant il est accompagnant (ou plutôt « animateur ») dans des séjours pour personnes handicapées – tous des adultes diagnostiqués « non dangereux », précise-t-il dans les bulles de la bande dessinée humoristique Un faux boulot. Pourquoi ce titre ? Parce que la mère de l’auteur, qui se cache sous le nom du Cil vert et raconte ici son expérience, n’a jamais compris pourquoi celui-ci ne cherchait pas un « vrai travail » pour « gagner sa vie ». Mais ce « faux boulot » plaît à Jean, dont on suit les aventures au cours de trois séjours distincts. Pour certains d’entre eux, l’animateur se prépare comme un sportif de haut niveau : « Un séjour “fauteuil”, ce n’est pas de la rigolade », explique-t-il. Il faut pouvoir pousser les chaises, manipuler des élévateurs, porter les vacanciers, mais aussi gérer les crises d’angoisse, organiser les sorties, connaître par cœur le chemin des urgences, anticiper les fugues, contenir les violences et puis, surtout, supporter les collègues ! Il faut aussi apprendre à toujours frapper à la porte des vacanciers avant d’entrer, sauf à se retrouver dans des situations embarrassantes…

Le sens de l’organisation de Jean est souvent mis à rude épreuve, mais il se réjouit de ne pas enchaîner des journées routinières dans un « boulot normal ». Il ne cache pas ses propres « boulettes » dans le cadre de ce poste exigeant qui lui apprend à grandir et à mûrir. Au fil des pages, le héros s’interroge sur la condition des personnes en situation de handicap. Il pointe ainsi le rôle trouble exercé par les médicaments qu’ingèrent ces hommes et femmes et qui régulent parfois très fortement leurs comportements, ou encore questionne leur manque de liberté individuelle.

Il y a trois ans, c’est chez le même éditeur (Delcourt) que Dav Guedin publiait la BD Colo Bray-Dunes 1999 sur un sujet identique(1). Alors que cet auteur décrivait des situations cauchemardesques, Le Cil vert aborde cette aventure humaine avec un dessin et un propos beaucoup plus légers, en braquant sa plume – comme son confrère – sur les vacanciers qui l’ont le plus marqué : José, qui « tune » son fauteuil, Nicole, qui réclame des cigarettes cent fois par jour, ou Françoise, 75 ans, qui croit qu’elle en a 12. Pleine d’autodérision, son œuvre en bichromie est un plaisir de lecture.

Notes

(1) Voir ASH n° 2776 du 28-09-12, p. 37.

Un faux boulot

Le Cil vert – Ed. Delcourt – 15,50 €

Culture

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