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Alsace : un réseau régional pour l’insertion des personnes prostituées

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Les deux délégations alsaciennes du Mouvement du Nid ont présenté le 5 octobre, à Strasbourg, un projet pilote de création d’un réseau régional d’acteurs pour favoriser l’insertion professionnelle des personnes en situation de prostitution. Explications d’Annelise Morel, chargée de mission régionale.
Quelle est la genèse de ce projet ?

L’idée est née au sein de la commission régionale de lutte et de prévention de la prostitution et de la traite des êtres humains, mise en place par la délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité et qui réunit une grande diversité d’acteurs – justice, santé, police, associations, collectivités locales… Trois groupes de travail ont été créés, l’un sur la santé, un autre sur la prévention et un troisième sur l’insertion professionnelle. C’est à la suite des réflexions de ce dernier que les délégations alsaciennes du Mouvement du Nid ont déposé, en 2014, un projet régional, financé par la Direccte(1), visant la création d’un réseau de partenaires pour favoriser l’accès à l’emploi et la formation des personnes en situation de prostitution ou ayant connu la prostitution. Au départ prévu pour six mois, ce projet a été prolongé jusqu’à la mi-février 2016.

Comment avez-vous créé ce réseau ?

Il a d’abord fallu identifier, au niveau régional, les structures du champ socioprofessionnel qui pouvaient, à un moment donné d’un parcours d’insertion professionnelle, déclencher une solution, pas uniquement pour l’accès à l’emploi, mais aussi en amont : en matière de formation, d’apprentissage du français, de solutions de garde d’enfants… Nous avons repéré 166 acteurs – structures de l’insertion par l’activité économique [SIAE], associations, organismes de formation, membres du service public de l’emploi –, que nous avons invités à une demi-journée d’échanges et d’informations sur le projet. L’idée était de créer des ponts entre nos structures et de formaliser les coopérations existantes ou nouvelles. La forme de chartes d’engagements a été rapidement retenue car elle permettait de valoriser la mobilisation de nos partenaires. Un temps de signature officielle d’une quarantaine de chartes déjà rédigées sera organisé le 15 octobre et permettra de réunir le réseau.

En quoi ces engagements consistent-ils ?

Les engagements de chaque structure sont différents et coconstruits. A titre d’exemple, elles peuvent procéder à des aménagements, comme passer de procédures d’entretiens collectifs de recrutement à des entretiens individuels. Les retours sur les candidatures rejetées peuvent déboucher sur un travail avec la personne sur les points de blocage. Nous avons également demandé aux partenaires d’intervenir auprès de groupes de bénéficiaires, notamment pour déconstruire les stéréotypes sur certains métiers. Les structures s’engagent à identifier un référent, formé par le Mouvement du Nid, dans l’objectif de renforcer l’accompagnement de la personne, mais aussi d’anticiper certains risques de rupture. Un « facilitateur » a été désigné au sein de Pôle emploi au niveau régional pour faire l’interface entre l’association et les différentes agences.

Sur quoi les formations portent-elles ?

Sur les représentations et la réalité de la prostitution, les difficultés rencontrées par le public et auxquelles les futurs référents peuvent être confrontés, comme la difficulté à s’inscrire dans un projet, le rapport à soi, à l’autre, à l’argent, à la temporalité, les problèmes périphériques à l’emploi. Nous nous sommes aperçus que même lorsqu’ils interviennent dans le champ de l’insertion, nos partenaires connaissent peu notre public.

Où les actions en sont-elles ?

26 personnes nous ont déjà fait part de leur souhait d’insertion professionnelle. Pour certaines, il s’agit d’abord de travailler sur cette mobilisation, de vérifier si leurs freins à l’emploi, administratifs notamment, ont été réglés. Pour d’autres, les choses se sont déjà mises en place : une vient d’entrer dans une SIAE, deux ont passé des tests pour entamer une formation, une a obtenu un contrat de six mois dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire souhaitant travailler avec les femmes victimes de violence… Nous allons consolider, élargir ce réseau et développer des outils d’information auprès des publics sur les lieux de prostitution. Ce projet pilote anticipe les dispositions sur l’insertion sociale et professionnelle du projet de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, qui doit être bientôt examiné en seconde lecture au Sénat.

Notes

(1) Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.

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