Belkacem, Madeleine, Ludgi et Arié vivent à Sarcelles et empruntent chaque jour le bus 368. C’est à leurs côtés, à bord de ce véhicule conduit par Eddy, que le documentaire Sarcellopolis nous invite à monter. Une fois connecté sur le site www.sarcellopolis.com, un chronomètre se met en marche : vous aurez vingt minutes de trajet à travers les rues pour découvrir cette ville du Val-d’Oise. L’agglomération, qui souffre depuis longtemps d’une mauvaise réputation, est constituée de deux parties distinctes : le vieux Sarcelles, dit « Sarcelles-Village », regroupé autour de l’église, et le grand ensemble contemporain, première expression des villes nouvelles, édifié dans les années 1950. Deux mondes distincts qui regroupent plus de 70 communautés différentes pour seulement 60 000 habitants.
Sébastien Daycard-Heid et Bertrand Dévé, qui ont conçu le documentaire, nous invitent à interagir avec les passagers du bus – devenu plateforme de navigation – et à découvrir leurs histoires. Ils sont d’âge, de religion et de quartiers différents. Ils nous racontent comment ils sont arrivés à Sarcelles, comment ils l’ont vu évoluer et comment ils rêvent leur ville idéale. Chaque rencontre mêle sphère intime et réflexion plus vaste sur la cité, puisque chacun aborde une facette du territoire : l’insertion, l’intégration, l’éducation, le vivre-ensemble…
Parce qu’ils voient Sarcelles comme une ville-monde qui, aujourd’hui comme hier, accueille les réfugiés, rapatriés et travailleurs venus du monde entier, les réalisateurs ont voulu « rendre hommage à cette agglomération complexe, loin des clichés que les médias ont calqués sur elle, et prendre le pouls d’une ville-laboratoire ». Si ce projet documentaire porte un regard positif sur cette banlieue, il ne l’idéalise pas pour autant, la caméra s’immisçant dans les grands ensembles aux façades abîmées et le micro captant le brouhaha provoqué par les avions qui survolent les cités.
La particularité du projet réside aussi dans son caractère transmédia(1). Grâce au matériel collecté, les réalisateurs ont décliné Sarcellopolis en un film interactif pour Internet, mais aussi en deux autres formats, l’un pour la télévision et l’autre pour la radio. Sa qualité, son originalité et sa simplicité de navigation lui ont permis de remporter le Visa d’or du webdocumentaire lors du festival Visa pour l’image 2015 de Perpignan.
(1) Utilisation combinée de plusieurs médias pour développer des univers narratifs, chaque média employé développant un contenu différent.
Sarcellopolis
Sébastien Daycard-Heid et Bertrand Dévé – En ligne sur