Travailleurs sans papiers, élèves de sections d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA), personnes sans abri, malades Alzheimer ou séropositives… Les courts ou moyens métrages documentaires sélectionnés dans le cadre de la Biennale du film d’action sociale de l’IRTS Ile-de-France Montrouge-Neuilly-sur-Marne abordent tout le prisme des thèmes du social. Pour cette sixième édition, le festival, qui se dote d’un nouveau partenaire, l’Ecole normale sociale, modifie ses habitudes : depuis dix ans, la biennale avait lieu en février, elle se déroulera en 2015 à l’automne, à l’auberge de jeunesse Yves-Robert dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Parmi les films marquants de cet événement, Une vie normale, d’Edouard Cuel, raconte les premiers pas dans la vie active de Vincent, jeune trisomique. Alors qu’il termine un stage en hôtellerie, son employeur lui propose un contrat en alternance, à condition qu’il trouve un centre de formation d’apprentis (CFA). Très vite, il se heurte à des discriminations inattendues. Dans Je vous salue ma rue (photo du haut), ce sont les sans-domicile fixe qui rencontrent des difficultés : à travers les témoignages de nombreux professionnels et les portraits de personnes à la rue, la réalisatrice Françoise Roumanet, qui a suivi des maraudes pendant deux ans, met l’accent sur la souffrance psychique des exclus. Selon elle, la rue devient peu à peu un hôpital psychiatrique en plein air. Il est également question de personnes sans domicile fixe dans Un toit sur la tête, d’Olivier Cousin(1). Mais ces familles qui vivent à la rue à Toulouse ne sont pas le cœur du sujet : le réalisateur dresse ici le portrait d’assistants de service social du 115 qui militent pour obtenir des places supplémentaires d’hébergement d’urgence. Pendant plusieurs mois, il a filmé ces militants qui ont choisi de « basculer dans l’illégalité avec un sentiment de légitimité » en ouvrant des bâtiments publics inoccupés afin, selon eux, de « répondre vraiment à notre mission de service public ». Sans-abri aussi, les héros du documentaire Du cœur au ventre, de Pierre-François Lebrun. Le réalisateur filme sans commentaires le quotidien de « cabossés de la vie » usagers du restaurant social Pierre-Landais, à Nantes, alors qu’ils préparent un spectacle avec l’équipe de travailleurs sociaux. Plus didactique, le film Des étrangers dans la ville (photo de gauche) suit au long cours des migrants dans tous les lieux où se joue leur avenir : zone d’attente, Office français de protection des réfugiés et apatrides, Cour nationale du droit d’asile, centres de rétention administrative. Des travailleurs en grève contre leur employeur, qui refuse de les régulariser ; un jeune homme qui obtient, non sans peine, sa carte de séjour… Proposée par le réalisateur Marcel Trillat, cette perle de la biennale montre aussi l’envers du décor, avec de nombreuses interviews de professionnels – avocats, magistrats, policiers, militants associatifs et travailleurs sociaux.
(1) Un toit sur la tête sera diffusé sur France 3 le lundi 5 octobre à 22 h 30.
Biennale du film d’action sociale
Du 13 au 15 octobre – Auberge de jeunesse Yves-Robert – 20, esplanade Nathalie-Sarraute, Paris XVIIIe – Tarifs et infos :