On voit depuis quelques années arriver de nouveaux acteurs – des start-up et des PME – poussés par la démocratisation d’Internet et des objets connectés qui se saisissent de ces outils pour en faire des leviers d’échange dans le cadre d’activités collaboratives. Je pense au covoiturage ou à la location saisonnière d’appartements entre particuliers. Ces nouveaux entrants du secteur privé commercial surfent en quelque sorte sur ce qui fait l’ADN de l’économie sociale et solidaire (ESS) : le partage, le lien social, la coopération, la mutualisation des outils au profit de la collectivité. Notre convention nationale a permis de montrer que l’ESS est déjà partie prenante de cette économie collaborative, mais cela n’est qu’en germe alors qu’il est nécessaire que nous en devenions les acteurs centraux.
L’étude des métiers et des qualifications en 2022(1) de France Stratégie montre que, quel que soit le scénario de sortie de crise envisageable, l’ESS a un fort potentiel de croissance d’activité et d’emplois et que ces nouvelles activités sont des leviers de développement, notamment dans les services à la personne, l’action sociale et médico-sociale et les loisirs. L’ESS est déjà plutôt résiliente dans la crise économique, puisque le secteur associatif croît globalement plus rapidement que le secteur privé marchand (+ 0,6 % en 2014 en termes d’emploi et + 2,2 % en termes de masse salariale). Du côté des coopératives, qui comptent 51 000 salariés dans près de 3 000 SCOP, l’évolution est également importante : + 18 % d’emplois en cinq ans et 280 SCOP créées rien qu’en 2014. Quant au secteur de la mutualité, il s’est engagé dans le cadre du Pacte de responsabilité à créer 10 000 emplois d’ici à 2018, notamment via l’apprentissage.
Ces effets sont en partie liés aux outils mis en œuvre par les pouvoirs publics pour accompagner ce secteur.
C’est bien sûr un levier, qui a notamment donné la possibilité aux SCOP de se développer et aux entreprises de l’ESS d’avoir accès plus facilement aux crédits – ce qui dope le secteur. Quant aux PTCE [pôles territoriaux de coopération économique] reconnus par la loi, ils ont permis le développement d’une centaine d’expérimentations dans les territoires et la création d’emplois de proximité dans les domaines des services à la personne, de l’insertion ou du développement durable. Enfin, la loi a donné une visibilité au secteur auprès du grand public, ce qui est porteur en termes d’activité. En effet, selon le sondage IFOP commandé par l’UDES et présenté à la convention, les deux tiers des Français ont entendu parler de l’ESS.
Nous voulions savoir si l’ESS était considérée comme un relais de croissance d’une part et évaluer l’image des employeurs d’autre part. Premier enseignement : la vitalité de l’ESS est reconnue, puisque 70 % des Français et 60 % des chefs d’entreprise interrogés la qualifient d’« audacieuse », de « dynamique » et « en phase avec les besoins ». Ils sont également, en moyenne, 80 % à estimer que les employeurs de l’ESS ont un rôle à jouer dans le développement des économies collaborative et circulaire, ainsi que la Silver économie. En revanche, si de plus en plus de concitoyens ont entendu parler de l’ESS, ils ne connaissent pas vraiment son périmètre ni le mode de gouvernance des associations et entreprises du secteur. Nous devons donc agir pour que notre image soit moins floue et sortir de la confidentialité dans laquelle nous avons été trop longtemps cantonnés. Nous avons déjà entrepris un important travail de structuration de la fonction employeur dans notre champ, qui doit se traduire par une présence plus forte dans les lieux de concertation du dialogue social national. Le Mois de l’ESS, en novembre, permet également aux Français d’avoir une approche concrète de ce que font les entreprises de l’ESS et des innovations sociales que porte le secteur.
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