Selon l’INSEE, les inégalités de niveau de vie des Français se réduisent

Alors que l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) publie son rapport annuel sur les niveaux de vie en France(1), des voix s’élèvent pour relativiser la fiabilité de ces résultats. Selon l’institut, qui s’appuie sur un échantillon représentatif d’environ 52 000 ménages, le nombre de personnes pauvres a baissé de 0,3 % entre 2012 et 2013. Elles sont donc 8,6 millions (14 % de la population) sous le seuil de pauvreté, établi à 60 % du revenu médian, soit 1 000 € par mois. Cette évolution s’accompagne d’une hausse des niveaux de vie médian des personnes pauvres, qui atteint 802 € par mois en 2013 contre 788 € en 2012.

L’INSEE note que c’est parmi les chômeurs et les adultes de moins de 30 ans que la pauvreté a le plus reculé. Plus précisément, en 2013, le niveau de vie médian des chômeurs a augmenté de 2,3 % et leur taux de pauvreté diminué de 1,4 point. Une situation qui s’explique principalement par l’augmentation des montants d’allocations chômage perçues : le chômage des moins de 25 ans a diminué au cours de 2013 avec la progression des emplois d’avenir et la reprise de l’emploi intérimaire, si bien que les personnes au chômage à la fin 2013 sont plus âgées en moyenne que celles de 2012. Elles ont davantage cotisé et sont donc mieux indemnisées. Les inégalités diminuent également, ajoute l’INSEE, précisant que le rapport entre la « masse des niveaux de vie » détenue par les 20 % des personnes les plus aisées et celle qui est détenue par les 20 % les plus modestes a baissé, passant de 4,6 à 4,3. Cela s’explique notamment par la baisse de la part des revenus du patrimoine et une hausse des impôts pour les ménages les plus aisés.

Plusieurs associations s’insurgent contre ces annonces « difficiles à croire ». ATD quart monde explique qu’il s’agit là uniquement d’une « diminution mathématique » et que la situation des pauvres sur le terrain n’a pas du tout changé. Quant à l’Observatoire des inégalités, il vilipende « les outils de mesure de la pauvreté, utilisés comme argent comptant » et rappelle que, en 2013, le nombre de demandeurs d’emplois a augmenté de 220 000, selon Pôle emploi, et le nombre de titulaires de minima sociaux de 170 000, selon le ministère des Affaires sociales. L’observatoire critique la méthode de calcul du seuil de pauvreté, « mesuré de façon relative (en proportion) au niveau de vie médian qui sépare l’effectif des ménages en deux – autant gagnent plus, autant gagnent moins. Or la crise ne touche pas seulement les plus pauvres mais aussi les couches moyennes, qui vivent avec environ avec 1 600 € par mois pour une personne seule ». Selon l’observatoire, au contraire, « la pauvreté progresse en France ».