« En France, chaque jour, on enferme, on immobilise, on attache, on sangle, des personnes malades », condamne le « Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire » dans un appel lancé le 16 septembre et à cette date déjà signé par près de 500 personnes(1). Les signataires – des psychiatres, mais aussi des philosophes, des écrivains, des magistrats… – dénoncent « la banalisation grandissante » des actes de contention et exigent son interdiction. Ils attribuent le recours à cette pratique au « système hospitalier [qui] malmène et déshumanise les soignants ». Alors qu’« accueillir et soigner […] nécessite d’œuvrer à la construction de collectifs de soignants suffisamment impliqués et engagés dans le désir d’écouter les patients, de parler avec eux, de chercher avec eux les conditions d’un soin possible », les signataires dénoncent « l’emprise gestionnaire et bureaucratique » qui « envahit le quotidien » des soignants et « dissout petit à petit la disponibilité des acteurs de soins ». L’appel invite à « repenser la formation » des soignants et à « donner de toute urgence des moyens nécessaires » aux équipes.
« Jugée problématique » par le rapport de Denys Robiliard sur la santé mentale à la fin 2013(2), la pratique de la contention a fait l’objet d’un amendement au projet de loi de modernisation du système de santé lors de son passage à l’Assemblée nationale en avril dernier. Sans l’exclure, la disposition du texte, actuellement examiné en première lecture au Sénat, encadre ce mode d’intervention. Elle précise que « le placement en chambre d’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours ». Elle prévoit que pour chaque mesure d’isolement ou de contention, un registre doit être tenu dans chaque établissement psychiatrique, dans lequel est mentionné le nom du psychiatre ayant décidé la contention, sa date, son heure, sa durée et le nom des professionnels l’ayant surveillée. Toujours selon l’amendement, un rapport rendant compte des pratiques de contention doit être, chaque année, transmis à la commission des usagers et au conseil de surveillance.
(1) Consultable sur