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Les enfants des bidonvilles accèdent peu à la protection de l’enfance, pointe Romeurope

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C’est un « véritable système de mise au ban de la société française » qui a été construit contre les Roms. L’analyse, sévère, est faite par le Collectif national droits de l’Homme (CNDH) Romeurope qui a rendu publics, le 23 septembre, deux rapports(1) : le premier est celui qui a été réalisé par son observatoire, qui, comme chaque année, s’efforce de « décrire le plus objectivement possible » la situation des droits des « personnes migrantes, originaires d’Europe de l’Est, vivant en situation de grande précarité dans des bidonvilles, des squats ou autres lieux de survie ». Le second propose une « lecture politique » de la situation des Roms en France, ainsi que des préconisations « pour une véritable politique publique d’inclusion des habitants des squats et bidonvilles ».

Celle-ci, construite sur le long terme, nécessite l’arrêt immédiat des expulsions et, « faute de logement décent », la sécurisation des lieux de vie pour « organiser une sortie progressive du bidonville ». Dans cette perspective, « le financement d’actions de sécurisation et de travail social […] pourrait bénéficier des économies réalisées par la temporisation des expulsions, voire leur disparition “naturelle” du fait de l’inclusion des personnes concernées ». Romeurope revient plus particulièrement sur la situation des enfants, dont un « nombre trop important » n’a pas accès à l’école. Autre type de discrimination : les enfants des bidonvilles et des squats ont un accès limité aux dispositifs de l’enfance en danger. « Dans de nombreux cas, [ils] ne sont pas évalués par les services de l’aide sociale à l’enfance malgré la transmission d’informations préoccupantes. » Ils font ainsi « l’objet d’un rejet totalement ancré dans ce système d’exclusion : l’absence d’intervention auprès des familles directement dans leur lieu de vie est justifiée par les expulsions régulières de ceux-ci. C’est donc une double peine qui leur est imposée, renforcée par la barrière de la langue et les préjugés vis-à-vis des Roms. » Le collectif préconise dans ce domaine « une approche individualisée, et dans le cadre du droit commun de la protection de l’enfance, de la situation de ces familles en très grande précarité ». Il juge indispensable une intervention auprès d’elles des travailleurs sociaux de la protection de l’enfance, à des fins d’accompagnement et de suivi, dans les lieux où elles vivent. Le CNDH recommande également une prise en compte dans le cadre de la protection de l’enfance des mineurs victimes d’exploitation, « afin de rompre notamment avec les incarcérations encore trop nombreuses de mineurs contraints à commettre des délits ».

D’une manière générale, le collectif, selon lequel la circulaire du 26 août 2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites a été « vidée de son sens », pointe « le fossé grandissant entre les textes et l’accès effectif aux droits et de fait », ainsi que la violation de nombreux d’entre eux. Il déplore que « la politique publique privilégiée reste une politique d’expulsion » (en 2014, plus de 13 000 personnes ont été expulsées de 138 bidonvilles ou squats). Une politique « absurde à de nombreux niveaux » : d’abord parce qu’elle enfonce encore plus les populations concernées dans l’exclusion et la précarité, ensuite « parce qu’il est évident qu’elle n’est pas la solution au besoin de logement des habitants des bidonvilles et des squats » et enfin parce qu’elle est coûteuse.

Notes

(1) Les deux rapports sont à télécharger sur www.romeurope.org.

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