Poursuivant une démarche initiée en 2014, qui avait consisté à enquêter sur les établissements d’hébergement disposant d’une unité spécifique Alzheimer, la Fondation Médéric-Alzheimer s’est intéressée, cette année, aux établissements d’hébergement entièrement dédiés aux personnes atteintes de la maladie(1). Le principal objectif de cette enquête, dont elle vient de publier les résultats, était de « connaître précisément leurs caractéristiques en termes de fonctionnement et d’organisation ».
Premier constat : ces établissements représentent une faible part de l’offre d’hébergement existante en France, puisque la fondation en a recensé 134 en 2015, soit une capacité totale de 7 000 places environ. Ces 134 structures se répartissent en 121 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), sept unités de soins de longue durée (USLD) et six petites unités de vie non EHPAD(2). La grande majorité (81 %) appartient au secteur privé et leur capacité moyenne est de 52 places.
L’enquête s’est aussi intéressée aux critères d’entrée dans ce type de structures : le premier, cité en premier par 38 % des établissements, est « la prise en charge des troubles du comportement productifs », c’est-à-dire « l’agitation, les cris, l’agressivité et la déambulation ». Viennent ensuite le risque de fugue, puis la préservation des capacités motrices et intellectuelles de la personne. L’épuisement de l’aidant est aussi parfois mentionné.
Autres informations : 82 % des établissements enquêtés proposent un programme d’activités individualisé, 86 % ont mis en place des horaires de lever et de coucher variables selon les habitudes des résidents et 27 % sont équipés d’une cuisine en permanence accessible pour ces derniers. Aux yeux des répondants, le « projet de soins spécifique et individualisé », l’« environnement architectural adapté » et l’« environnement sécurisant » font partie des premiers critères caractérisant ces structures. « Le principal intérêt potentiel des établissements entièrement dédiés est d’offrir de meilleures conditions pour une réponse globale aux besoins des personnes accueillies, et de mieux permettre une continuité dans l’accompagnement des personnes malades, tout au long de leur vie dans l’établissement, par rapport à une unité spécifique qui, de par la limitation de sa capacité, n’est, selon les établissements, pas toujours prévue pour accueillir les résidents jusqu’à la fin de leur vie », analysent quant à eux les auteurs de l’enquête. Avant de souligner que ce type d’offre d’hébergement « reste très marginal et ne semble pas se développer ». En outre, « l’établissement entièrement dédié n’est pas un dispositif soutenu par les politiques publiques ». Le troisième plan Alzheimer et le nouveau plan national sur les maladies neuro-dégénératives privilégient plutôt, précisent-ils, l’implantation dans des établissements polyvalents de dispositifs adaptés à l’accompagnement de jour (PASA) et à l’accueil séquentiel de personnes malades présentant des troubles du comportement importants (UHR).
(1) « Les dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer » – La Lettre de l’Observatoire des dispositifs d’accompagnement et de prise en charge de la maladie d’Alzheimer n° 38 – Septembre 2015 – Disp. sur
(2) Tous ces établissements ont reçu un questionnaire dérivé de celui de l’enquête auprès des unités spécifiques Alzheimer. Le taux de retour a été de 70 %, avec 94 réponses collectées et analysées, 85 émanant d’EHPAD, trois des USLD et six des petites unités de vie.