Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, a exprimé, le 11 septembre, « sa grave préoccupation face aux expulsions forcées de Roms et de gens du voyage qui ont lieu dans plusieurs Etats européens », et plus particulièrement en France et en Bulgarie. « Il apparaît de plus en plus clairement qu’il existe une politique nationale systématique d’expulsions de force des Roms », a-t-il ainsi déclaré dans un communiqué, en exhortant la France – à l’instar du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU, en mai dernier(1) – « à s’abstenir de telles expulsions forcées sans offre d’hébergement alternatif » et à « remplacer cette politique punitive et destructrice par une politique véritablement inclusive ».
Soulignant que « l’expulsion forcée et péremptoire de plus de 150 habitants du bidonville de migrants rom situé dans la municipalité de La Courneuve, le 28 août, a été vivement critiquée par les organisations de la société civile et par le défenseur des droits », le Haut Commissaire indique en effet que « l’expulsion a été menée sans avertissement, alors que celui-ci est normalement de 24 heures minimum » et, qu’en outre, « elle est survenue tôt dans l’après-midi alors que les habitants étaient absents ». « Des biens leur appartenant ainsi que certaines pièces d’identité auraient été détruits. Seul un petit nombre de familles se sont vu offrir un hébergement et pour trois nuits uniquement. De ce fait, la plupart de ces personnes sont devenues sans-abri », rapporte-t-il, en constatant encore que « la plupart des Roms expulsés de La Courneuve vivraient sous des tentes près de la mairie, grâce au soutien d’activistes de la société civile qui ont déployé d’importants efforts pour que les enfants puissent aller à l’école, et ce en dépit de la réticence des autorités à les enregistrer ». D’ailleurs, « leur admission dans les écoles locales ne serait nullement garantie sur le long terme ».
Ces éléments amènent le représentant onusien à considérer que, « du point de vue des droits de l’enfant, tout ceci est extrêmement inquiétant », d’autant plus que « les événements de La Courneuve ne sont que les derniers d’une série d’expulsions forcées collectives de migrants rom en France depuis 2012 ». Il a en outre « fait part de sa préoccupation devant des rapports faisant état de nouvelles expulsions à venir ».
De fait, « les expulsions forcées de Roms et de gens du voyage ont continué ces dernières années dans plusieurs pays européens, dont l’Albanie, la République tchèque, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Roumanie, la Fédération de Russie, la Serbie, la Turquie et le Royaume-Uni », avance enfin Zeid Ra’ad Al Hussein, en appelant les Etats concernés à faire « preuve de sensibilité et de justice, en accord avec les standards internationaux » au risque, sinon, d’« exacerber des discriminations populaires enracinées contre une communauté qui figure déjà parmi les plus dépourvues et marginalisées d’Europe ».