Alors qu’il atteint cette année 25 ans d’existence, le Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (Snated) a reçu, en 2014, quelque 613 635 appels au 119 – un nombre en baisse d’un quart en un an et de près de la moitié depuis 2012 –, dont 351 796 ont été prétraités et 33 043 traités, indique le service dans une récente étude(1). Ces appels ont donné lieu à 19 058 actions d’aide immédiate (conseil, orientation) et à 13 985 informations préoccupantes transmises aux cellules de recueil des départements concernés, dont 173 saisines de première urgence (mise à l’abri immédiate).
En 25 ans, 680 000 appels ont été traités par les écoutants du service, dont le nombre est passé de 25 en 1990 à 45 en 2014, et près de 325 000 enfants ont été concernés par une information préoccupante (IP), dont le nombre s’élève à 169 328. « Depuis 2009, le nombre d’IP a augmenté de plus de 50 % », souligne le Snated, estimant qu’« un meilleur repérage des missions du 119 par les appelants ainsi que l’harmonisation des pratiques professionnelles incluant la prise en compte de la transmission des IP au titre de la prévention peuvent expliquer l’augmentation constatée ». Les dangers signalés sont de six natures (physiques, psychologiques, négligences lourdes, conditions d’éducation compromises sans négligences lourdes, violences sexuelles, comportement du mineur mettant en danger sa santé, sa sécurité ou sa moralité), les trois premières catégories concernant la majorité des cas. « Jusqu’à 11 ans, le nombre de garçons en danger est plus élevé que celui des filles », et la tendance s’inverse à partir de l’adolescence et jusqu’à 18 ans.
Comme les années précédentes, les appelants font le plus souvent partie de la « famille proche » des enfants signalés en danger (toutes natures confondues) : ce sont principalement les parents, avec une légère prédominance des mères, les femmes étant majoritaires dans toutes les catégories d’appelants (de 54,7 % pour les parents à 81,7 % pour les grands-parents). Dans la grande majorité des situations (95,6 %), la personne présumée responsable de la mise en danger de l’enfant appartient également à sa famille proche : huit fois sur dix, il s’agit des parents et, le plus souvent, de la mère. Mais « la résidence habituelle des enfants est principalement chez la mère, ce qui nécessite d’interpréter ces résultats avec précaution », prend soin de souligner le Snated. Même constat pour ce qui est des professionnels présumés auteurs, puisque « les métiers en lien avec l’enfance sont principalement exercés par des femmes, expliquant le fort différentiel hommes-femmes ».
S’agissant des parents, ce sont les problèmes éducatifs et de prise en charge quotidienne de l’enfant qui sont principalement signalés. « La consommation d’alcool apparaît dans plus d’un appel sur dix et la consommation de drogues représente 7,6 % des éléments évoqués », relève encore le Snated. Le service souligne également que « les divorces, les séparations et les situations de conflit parental sont les éléments relatifs au contexte de vie de l’enfant qui sont le plus cités ». Il pointe aussi le fait que, dans plus d’un cas sur dix, les enfants concernés « bénéficient ou ont bénéficié d’une mesure de protection administrative ou judiciaire », et que « pour 4,5 % des enfants, un placement est en cours ou passé ».
Plusieurs types de suites peuvent être donnés aux informations préoccupantes : 20 % des informations préoccupantes ont des suites judiciaires (placements, mesures judiciaires d’investigation éducative, mesures d’aide éducative en milieu ouvert…), 20 % des suites administratives (actions éducatives à domicile, techniciens d’intervention sociale et familiale…) et 60 % donnent lieu à un suivi de proximité (notamment par la protection maternelle et infantile). Mais « les taux de retours [au Snated] varient singulièrement selon les territoires et notamment l’organisation des services départementaux », regrette le service qui estime « indispensable que les départements continuent à renseigner avec rigueur les retours d’évaluation [des IP] et [à] les renvoyer dans les temps ».
(1) Etude statistique relative aux appels du Snated en 2014 – Disponible sur